Canada Blues

Vendredi 31 août 2012

Le vendredi était ma journée au Hockey Club. L'estomac dans les talons, je descendis au rez de chaussée.

-         Salut Alicia, comment vas-tu ?

-         Ça va et toi ? répondis-je à Vincent, le serveur du bar/snack/cafétéria de l'Harmonium.

-         La routine. Tu as mangé ?

-         Un sandwich. Donne-moi juste un Ice Tea, s’il te plait.

-         Ok.

J’avais passé la matinée concentrée sur mon écran, à mettre à jour les effectifs des équipes, qui serviraient pour les premiers matchs. Tâche bien ingrate et totalement inintéressante.
Je donnai à Vincent les 50 centimes que me coûtait la boisson (tarif salariée, bien sûr) et sortis du bar. Je tombai nez à nez avec mon cousin et ma canette manqua de finir sur son T-shirt.

-         Hé, fais gaffe !

-         Roo, ça va Monsieur le Grincheux, c’est juste quelques gouttes !

Il rit et m’ébouriffa le crâne de son poing, ce qui avait le don de me hérisser les poils. Je lui pinçai les côtes.

-         Aïe !

Il me lança un regard noir mais malicieux.

-         Commence à courir, je te rejoins.

Je n’attendis pas davantage et je traversai le couloir en courant, Romain sur les talons.

J’atteignis la balustrade au moment où Romain me lançait une paire de chaussettes, roulées en boule. Il loupa sa cible et je ramassai le projectile avec un air dégoûté.

-         C’est des chaussettes sales ?!

-         Quoi d'autre ? se marra t-il.

Je lui renvoyai ses chaussettes ; il esquiva.

-         Et vous pouvez maintenant assister à l’un des nombreux sketches qui vous sera donné de voir à l'Harmonium, annonça la voix d’Olivier Laclos, le coach adjoint des Condors, avec une voix amusée de guide touristique.

Je me figeai, surprise, et tournai la tête. Olivier, accompagné d’une demi-douzaine de nouvelles têtes, me regardait en souriant. Je supposai qu’il faisait faire le tour du propriétaire aux nouveaux arrivants.

-         Tu manques de travail, peut-être ? me demanda Olivier d’un air mi-figue mi-raisin.

Romain était hilare. Moi, je tentai de garder mon sérieux. « Un peu de professionnalisme, que diable ! ».

-         Non, non, j’allais y retourner. J’étais en pause déjeuner, répondis-je.

-         Bien sûr. Bon, ajouta Olivier en se tournant vers l’équipe. Je vous présente Alicia…

C’est à cet instant que je l’aperçus. Il se tenait à quelques mètres de moi et m’observait à la dérobée, amusé. Je croisai son regard et je m’y perdis de longues secondes. J’en oubliai la voix d’Olivier et les autres joueurs. Ma bouche devint sèche. Ça y est, je piquai de nouveau un fard. Je tentai de me concentrer sur la voix du coach adjoint.