Jeudi 4 octobre 2012

271 17 0
                                    

Lorsque j’arrivai à l'Harmonium le jeudi suivant, je tombai sur David qui sortait du bureau. Je vis son grand sourire de loin et je ne pus m’empêcher de l’imiter. J’étais heureuse de le voir, nous nous étions à peine croisés ces derniers jours.

-         Tu te souviens comment je m’appelle ? Me taquina t-il.

-         Hum... Laisse moi réfléchir, repondis-je en souriant.

Je lui fis la bise et il passa un bras sur mes épaules.

-         Je suis sur que tu as cinq minutes à m’accorder, déclara t-il en m’entraînant vers mon bureau.

-         Pour quoi faire ?

-         A ton avis ?

-         Tu vas encore faire ta commère ? Râlai-je en m’arrêtant.

-         Exactement, dit-il en hochant énergiquement la tête.

Je levai les yeux au ciel, prête à protester mais David me poussa jusqu’à mon bureau.

-         Bon, j’ai pas rêvé, tu étais en train de sortir, fis-je mine de m’énerver. Tu devais avoir un truc à faire ?

-         Oui, cuisiner ma meilleure pote sur ses amours. C’est pas ce que font les amis ?

-         Les amiEs au féminin, David, soupirai-je.

-         Allez te fais pas prier ! C’est quand même un peu grâce à moi !

Il posa ses fesses sur mon bureau, sans-gêne. Je m’assis sur mon fauteuil, résignée.

-         Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus que « Danick est un mec super, je suis sur un petit nuage » ?

Je sautai de mon fauteuil comme une gamine et le serrai dans mes bras. Je l’entendis rire et je le relâchai, simplement joyeuse.

-         Ravi que ça fonctionne, dit-il en souriant. Je suis content pour vous.

-         Comment se fait-il que tu sois au courant ? Demandai-je en lui lançant un regard suspicieux.

-         Dan me l’a dit. Hé, faut pas croire, entre mecs, on se parle.

-         C’est bien ce qui m’inquiète.

David me lança un regard presque autoritaire.

-         Tu devrais le dire à Romain rapidement.

-         Pourquoi ?

-         Parce que je ne pense pas que vous soyez aussi discrets que vous le croyez et ce serait bête qu’il l’apprenne par quelqu’un d’autre.

Je fus surprise.

-         Qu’est ce que tu entends par là ?

-         Fabien vous a vus et c’est une pipelette. C’est ce qu’on risque à se bécoter dans les couloirs, se moqua t-il.

Je lui fis la grimace.

-         Sérieusement, dis le à Romain, reprit David. On sait tous les deux comment il est et il le prendra mal si tu lui caches plus longtemps.

-         Je sais. Ça ne me plaît pas non plus mais c’est tout nouveau, il n’y a rien de…

-         De sérieux ? Termina t-il. Ce n’est pas sérieux entre Dan et toi ?

Il me lança son fameux regard de celui à qui on ne l’a fait pas et je haussai les épaules en signe d’ignorance.

-         Ou…oui…si, bégayai-je.

Je poussai un soupir de résignation.

-         Je vais y penser, lâchai-je.

***

En sortant de l’entrainement, je tins donc ma promesse : je pensai à mon cousin. Il me tiendrait sans doute rigueur de ne pas l’avoir mis au courant et il me reprocherait sûrement que ce soit justement Danick. Mais David avait raison ; il valait mieux qu’il l’apprenne par moi plutôt que par des bruits de couloir. Il avait l’habitude d’être toujours le premier informé. Je me promis de lui annoncer dès ce week-end.

Je passai la porte et retrouvai Danick sur le parvis. Comme d’habitude, mes petites contrariétés s’envolèrent dès que je fus dans ses bras. Nous échangeâmes un long baiser et nous nous dirigeâmes vers la voiture.

***

Romain franchis la porte quelques instants après sa cousine. Dès qu’il fut dehors, il stoppa net. Son regard se posa sur Danick et Alicia, qui s’embrassaient à quelques mètres de là. Une expression de surprise et d’agacement passa sur son visage. Discrètement, il longea le mur et rentra chez lui.

Canada BluesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant