Dimanche 2 décembre 2012

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-         Je ne veux pas que tu t’en ailles, murmura Danick à mon oreille.

-         Je t’emmènerais bien avec moi, répondis-je en passant son bras autour de mes épaules et en me pressant contre lui.

-         J’espère que tu ne tomberas pas amoureuse d’un danseur...

-         Il n'y a pas de danger.

Je l’embrassai tendrement, tentant de ne pas penser que j’allais devoir m’en passer pendant un moment.

Nous passâmes l’après-midi devant un film, blottis l’un contre l’autre. Mon train partait à 17h15. Dan m’aida à descendre ma valise et nous prîmes la direction de la gare. Mon estomac était noué, j’appréhendais le moment où il faudrait lui dire au revoir.

Je compostai mon billet et nous marchâmes lentement vers le quai. La main de Dan se posa sur ma hanche, lorsque nous arrivâmes devant le wagon et il m’attira à lui. Je lâchai ma valise et passai mes bras autour de son cou. Ses lèvres s’emparèrent des miennes et nos souffles se mélangèrent.

-         Tu vas me manquer, ma chérie.

-         Toi aussi, mon amour. Ce n’est que pour quelques jours.

-         Je sais. Et il paraît que ça donne du piquant la séparation, dit-il avec un clin d’œil.

-         Je doute que nous ayons besoin de piquant, ris-je. Je trouve notre relation parfaite.

-         Je suis d’accord.

Le chef de gare siffla pour annoncer l’imminence du départ. Mon cœur se serra douloureusement tandis que Danick caressait mes lèvres du bout des doigts.

-         Tu rentres ce week-end ?

-         Oui, samedi.

Je me collai à lui avec ferveur.

-         Tu devrais y aller Princesse, ou le train va finir par partir sans toi.

Il ne me lâcha pas pour autant et il m’embrassa une dernière fois. Je montai dans le train à reculons et le cœur lourd. Je m’installai à ma place et j’eus à peine le temps de faire signe à Danick que le train démarra.

« Je t’appelle quand j’arrive à l’hôtel. Tu me manques déjà. Au fait, ne cherche pas ton tee-shirt des Patriots, je l’ai emporté avec moi ;-) je t’aime »

Je me calai contre le dossier de mon siège et observai le paysage défiler devant mes yeux. La nuit tombait déjà. Je poussai un long soupir. J’étais effarée de voir à quel point j’étais déboussolée et paniquée par cette séparation. Moi qui avait toujours aimé bouger, un départ ne m’avait jamais autant attristée. Je ne me sentais pas à l’aise, loin de lui.

Je m’obligeai à me concentrer sur le stage et les cours à venir. Cela s’annonçait compliqué, j’allais devoir m’accrocher. Patrick Doré m’avait donné rendez-vous à 8h au studio. On m’avait installé dans un hôtel à deux stations de métro. Je déroulai différents scénarii sur l’accueil qui me serait réservé demain. J’espérai qu’il ne serait pas aussi glacial que l’attitude de Mélodie, la première danseuse, lors des auditions.

J’arrivai gare du Nord à 18h25. Je jouais des coudes pour atteindre la ligne 5, direction place d’Italie. Je descendis à Bastille et montai dans une rame de la ligne 1, qui m'emmena jusqu’à la station Saint-Paul, mon terminus. J’arrivai à l’hôtel et laissai tomber mes bagages à l’entrée de la chambre. Celle-ci était on ne peut plus banale. Un lit une place, une petite télé sur un meuble en bois bon marché, une cabine-salle de bain aseptisée. Je me laissai choir sur le lit, déprimée. J’attrapai mon portable et envoyai un message à Dan :

« Je suis bien arrivée. La chambre est déprimante. Je descends manger et je t’appelle quand je rentre. Je t’embrasse fort. »

J’attrapai mon sac à main et sortis. Je fis quelques pas dans la rue et cherchais une quelconque enseigne qui serait susceptible de me nourrir. J’aperçus quelques panneaux lumineux dans une rue adjacente. Par bonheur, je repérai un kebab et un panneau publicitaire indiquant un McDonald’s à 1 minute. J’optai pour le kebab. J’en ressortis avec une pita sauce blanche, que je dévorai dans mon lit, devant la télé. La dernière bouchée à peine avalée, j’appelai Dan. Il répondit presque immédiatement.

-         Salut ma belle.

Entendre sa voix me réconforta d’abord puis me donna envie de pleurer. Qu’est-ce qu’il me rendait émotive !

-         Coucou…

Il dut s’apercevoir que ma voix tremblait.

-         Hé, ma chérie… ça va ?

-         Oui, ça va. C’est juste que…je ne m’attendais pas à ce que ce soit si dur de ne pas être avec toi.

-         Tu aurais du t’en douter, puisque tu es folle amoureuse de moi, dit-il d’une voix chaude et amusée.

Je lâchai un petit rire triste.

-         Je sais, mon amour, reprit-il plus sérieusement. J’ai envie de rien quand tu n’es pas là.

-         Moi j’ai encore plus envie de toi quand tu es loin, me plaignis-je.

-         Alors imagine nos retrouvailles. Ce sera torride.

Je ris et me détendis à cette évocation.

-         Humm. On va s’arrêter là mon amour sinon je risque de reprendre le train dès ce soir.

-         Je suis sur que j’arriverais à te faire craquer si j’insistai.

-         C’est certain, approuvai-je, le ventre déjà en train de se réchauffer.

J’écoutai son doux rire résonner à mes oreilles.

-         Je vais te laisser te reposer ma belle, tu dois être en forme demain.

-         Oui, je t’embrasse fort.

-         Je t’aime.

-         Je t’aime aussi.

Je raccrochai et me laissai tomber sur le lit, les yeux fixés sur le plafond. Au bout de quelques minutes pendant lesquelles je tentai de calmer mon appréhension pour le lendemain, je parvins à me motiver à prendre une douche. Cette dernière me fit du bien mais j’en sortis fatiguée. Les au revoir avec Danick m’avaient vidé.

J’enfilai mon pyjama, me brossai les dents, envoyai un dernier message à Dan pour lui souhaiter bonne nuit et je me couchai.

Canada BluesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant