Chapitre 27

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La tête bourdonnante, Axel s'éveilla en gémissant. Il cligna des paupières, découvrit les murs verts de sa chambre. Quelqu'un avait même pris soin de remplir de fleurs un vase posé sur la commode. Des chrysanthèmes, blancs et jaunes. Les fleurs préférées de sa mère.

Tu es réveillé ?

Axel sursauta, avant de sentir la caresse de Telclet sur son bras. S'il en croyait ses pensées, son Compagnon ne l'avait pas quitté et il s'inquiétait de la réaction d'Axel.

Je ne t'en veux pas, transmit le jeune ailé.

Il perçut un intense soulagement, et s'aventura à caresser l'animal du bout du doigt. Il était chaud et doux, ses plumes minuscules par rapport aux siennes. Tellement brillantes, aussi.

Ils étaient donc rentrés à Valyar, sur Sagitta. Axel déglutit. Il n'avait pas vraiment envie de confronter ses parents. Ni ses sœurs. Eraïm, il n'avait envie de voir personne.

Je peux leur dire que tu dors encore, dit Telclet.

Axel sourit. Il n'était Lié que depuis peu, pourtant il comprenait déjà que Telclet ferait tout pour lui, et qu'il serait prêt à tout pour son Compagnon également.

Merci. Mais je ne peux pas reculer éternellement ce moment.

L'assentiment de Telclet lui mit du baume au cœur. Lui aussi comprenait qu'agir avec honneur n'était pas choisir la facilité. Il aurait préféré retourner se blottir sous sa couette. Avec le recul, il avait honte de ses actions. Brûler un village ! Jamais il n'aurait dû faire ça. Il aurait pu blesser des gens. Pire, tuer des innocents. Dans sa fureur contre Solarys, il les avait tous jugés complices.

Tes émotions étaient légitimes. Ils t'ont utilisé. Manipulé.

Ils ont été jusqu'à effacer mes souvenirs.

Oui.

Et pourtant....

Pourtant, il avait pris du plaisir à cette vie paisible et tranquille, loin de son quotidien tourmenté. Nul n'avait commenté la couleur de ses ailes ; nul n'avait écarquillé les yeux sur ses pouvoirs. Il avait été un artisan comme un autre au sein du village. Une totale acceptation.

Les larmes montèrent à ses paupières.

Tu regrettes vraiment ?

Je ne savais pas. J'étais heureux, quelque part.

Un bonheur qui avait un prix, nota Telclet.

Oui. Un prix que je ne suis pas prêt à payer.

C'était grâce à Telclet et à son groupe de serpents des vents, qu'il avait commencé à comprendre que quelque chose clochait.

Je t'ai longtemps appelé, oui. Tu étais sacrément têtu.

Mais je ne comprenais pas encore très bien.

Nous n'étions pas Liés. C'est toujours plus difficile.

Solarys disait que les murmures conduisaient à la mort.

Notre morsure est mortelle, confirma Telclet.

Mais alors...

J'ai pris garde à ne t'inoculer qu'une faible dose, précisa son Compagnon. Tu es quand même resté inconscient deux jours.

Axel frissonna.

Tu as peur de moi ? s'inquiéta Telclet.

Non, le rassura aussitôt Axel. Je n'avais juste pas réalisé que j'étais passé si près de la mort.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant