Chapitre 74

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Curieux, Axel suivi le Messager à l'intérieur du bâtiment, laissa ses yeux s'accoutumer à la pénombre. S'il avait cru trouver des impériaux ici...

Veux-tu que je transmette à Zéphyr ?

Vrai qu'Alistair était impérial jusqu'au bout des plumes. Axel avait parfois tendance à l'oublier.

Bonne idée. Demande-lui de se renseigner sur un certain colonel Padrog.

Tu doutes de sa parole ?

Je doute de tous les terrestres, rétorqua Axel. Et puis, Alistair aura peut-être des pistes. Enfin, s'il n'est pas trop occupé.

Je te tiens au courant.

Axel se reconcentra sur la pièce. Elle était percée de quatre fenêtres, ce qui n'était pas suffisant pour l'éclairer. Plusieurs bougies diffusaient une douce lueur. A sa surprise, les murs étaient décorés de tableaux peints. Il s'approcha, réalisa que le cadre était une planche de bois, sciée dans le tronc, parce qu'on voyait encore les cernes de croissance au travers de la peinture.

— Quel travail, murmura-t-il pour lui-même.

— C'est fou, non ? dit Léo en le rejoignant. Une vraie petite ville. Ils ont même une forge. Eraïm, tu réalises qu'ils ont vécu coupés du monde pendant plus de vingt ans ?

— Je crains ce que nous allons découvrir, avoua Kiren. Nous laisseront-ils seulement repartir ? Je commence à croire que les villageois de Samalan qui ont disparu ont été tués par cette communauté.

— Ne portons pas de jugement hâtif, s'empressa de dire Axel.

— Attendez là, dit le vieil homme qui répondait au nom de Padrog. Je vais aller prévenir le Conseil.

Il sortit, les laissant sous la surveillance de trois de ses hommes. Le Messager les rejoignit.

— Alors, qu'en pensez-vous ?

— Je n'arrive pas à y croire, répondit Axel. Un village impérial, pendant vingt ans ! Comment avons-nous pu passer à côté ?

— Et si nous avons raté celui-ci, combien d'autres sont présents sur le sol de la Fédération ?

— Bonne remarque, Léo. J'ai déjà mis le Djicam au courant de notre découverte. Un rapport plus détaillé suivra quand nous en saurons plus. Restez prudents, et ne vous isolez pas, rappela-t-il.

— Oui, Messager.

La porte s'ouvrit de nouveaux et les soldats – comment les appeler autrement ? – saluèrent les nouveaux arrivants. Ils étaient neuf, cinq femmes et quatre hommes. C'était à la fois étonnant et un soulagement. Depuis qu'il avait vécu dans le village de Solerys avec uniquement des femmes, Axel était soupçonneux dès lors qu'il ne voyait pas des membres des deux sexes. En tout cas, ils arboraient encore un semblant d'uniforme, dans les tons vert marron, comme pour mieux se camoufler dans la forêt, rapiécé en de nombreux endroits.

Et Padrog les accompagnait. Faisait-il partie du Conseil ? Ou l'influençait-il ?

Les neuf personnes se rapprochèrent du Messager Ishim et examinèrent longuement leur groupe.

— Je reconnais l'uniforme, dit enfin l'une des femmes. Ils ne mentent pas sur ce point, nous avons affaire à des Mecers.

— Des soldats d'élite, appuya un homme. L'équivalent de nos Maagoïs.

Une autre femme, solide, les cheveux bruns noués en chignon, croisa les bras.

— Nous leur étions supérieurs.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant