Chapitre 90

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Nicoleï lutta contre la fatigue dans ses membres et força contre les vents pour rejoindre la terre ferme. Il se sentait si fatigué ! Une fois hors du champ d'action des vents tourbillonnants, il replia ses ailes pour piquer vers la forêt.

C'était plus reposant ainsi. Tant qu'il n'oubliait pas de redresser avant de s'écraser, évidemment.

Il ouvrit ses ailes après de longues secondes de chute libre, jouant la prudence. Lui, Nicoleï, qui se montrait prudent ! Il secoua la tête avec un sourire. A croire que le sérieux d'Axel avait déteint sur lui.

Il se posa enfin, s'aventura sous le couvert végétal. Ici, normalement, il ne risquait rien, mais, par précaution, il allait mettre le plus de distance possible entre lui et Axel. Et essayer de trouver les autres, aussi. Il n'avait nulle envie de se perdre une nouvelle fois dans une forêt inconnue. L'humus détrempé émettait un petit bruit mouillé à chacun de ses pas. L'une de ses bottes devait être trouée, d'ailleurs, car il percevait l'humidité sur ses orteils. Son estomac gargouilla. Oui, il avait faim, normal après l'énergie qu'il avait dépensé. Quelle tornade ils avaient créé ! Axel se débrouillait drôlement bien avec ses Vents, quoi qu'il en dise. Lui, il n'était pas encore capable d'un tel exploit. Mais il y viendrait. Peut-être devrait-il demander à Maitre Kenog de l'entrainer une nouvelle fois. Ils n'avaient pas pris un bon départ, avec le Niléen, mais il fallait avouer qu'il gérait les vents avec une minutie et une dextérité dont il était envieux. Il en parlerait au Messager Ishim. Lui saurait quoi faire.

Qu'est-ce qu'il lui tardait de le retrouver ! Savoir qu'il était libéré de l'emprise des Bénis avait été un soulagement sans bornes. Mais à peine avait-il eu le temps de le libérer, avec les Émissaires Léo et Kiren, qu'Axel avait demandé son aide. Via le Wild, évidemment, mais on lui avait transmis le message. Qu'il lui tardait de devenir Émissaire ! Faire des missions avec ses frères d'armes, c'était si exaltant !

Nicoleï marchait depuis une bonne demi-heure et commençait à se dire qu'il s'était peut-être trompé de direction. Reprendre les airs pour vérifier son itinéraire pourrait être une bonne idée. Il remua ses ailes lasses. Aurait-il la force suffisante ? Il trébucha sur une racine et se rattrapa à un large tronc. Non, il n'était pas au mieux de sa forme. L'énergie du combat le quittait peu à peu, ne lui laissant que la fatigue et l'épuisement. Il soupira, soudain découragé. Pitié, pas une autre nuit seul dans cette forêt de malheur !

— Tu nous cherchais, Nicoleï ?

Il sursauta avant de lever les yeux. Ishim !

Le Messager sauta au sol et Nicoleï se précipita dans ses bras. C'était mieux qu'un rêve, c'était si réel !

— Moi aussi, je suis content de te revoir, dit doucement Ishim. Il parait que tu as été héroïque, si j'en crois le portrait élogieux que Léander m'a brossé de toi.

Nicoleï rougit, recula d'un pas.

— J'ai essayé de faire de mon mieux, Messager. C'était si difficile, de se retrouver seul...

— Je sais. Allez, suis-moi, je te ramène. Tu es passé à moins de cinquante mètres de nous. C'est Zéphyr qui t'a aperçu.

Ils se mirent en marche au travers de la végétation touffue. Ishim avait dû comprendre qu'il était trop fatigué pour voler.

Il ne leur fallut que quelques minutes pour rejoindre le camp provisoire. Nicoleï y retrouva Léo et Kiren, qui vinrent le remercier d'avoir participé à leur délivrance, ainsi que Tabatha et Maitre Kenog, qui discutaient avec un groupe de villageois. Les Niléens devaient leur paraitre moins impressionnants que les soldats massiliens. Anton était là, lui aussi. Le Messager Léander les accueillit avec un sourire.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant