Chapitre 87

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Axel bouillait intérieurement. Se faire prendre ainsi, comme des débutants !

Ne t'en veux pas, Axel, dit Telclet. Qu'ils aient su exactement d'où nous venions... ils surveillaient la forêt. Des espions, des alarmes...

Que nous n'aurions pas vu ? Entre nous et les Compagnons ?

Nul n'est infaillible, Axel. Nous resterons en arrière. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas tout compris, pour le Lien.

Merci.

Encadrés par plusieurs soldats au regard vide – mais à la pique vive – Axel se laissa entrainer au cœur du village. Enfin, du village. Il compta quatre maisonnettes – certainement une pour chacun des Bénis –, ce qu'il décida être une sorte de garnison pour les soldats qui les protégeaient, et un bâtiment encore plus grand. Peut-être une sorte d'entrepôt ? Il fallait qu'ils mangent, ces Bénis.

Comme ils s'y dirigeaient, Axel se dit qu'ils seraient vite fixés. Il plissa les yeux en entrant, fut guidé dans un couloir. Ils passèrent devant plusieurs portes. Une sorte de prison ? Leur guide ouvrit une porte sur leur gauche et ils pénétrèrent dans une grande pièce rectangulaire. Axel nota immédiatement les trois fenêtres, possibles échappatoires, mais aussi la table massive et les nombreuses chaises autour.

— Prenez place, invita l'une des Bénies d'un large geste de la main.

Axel hésita sur la conduite à suivre, mais d'une poussée il comprit qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il s'assit, encadré par Alistair et Tabatha, comme le reste de ses compagnons.

Alistair et Léander te disent d'être prudent et de rester sur tes gardes.

C'était réconfortant de voir que ses ainés veillaient sur lui.

Rappelle-leur de se méfier de la nourriture, et de l'eau.

Déjà fait, s'amusa Telclet.

La situation était désespérée et pourtant Axel gardait espoir. Cette fois, ce serait différent, il le sentait. Il avait des amis sur qui compter.

La Bénie s'éclaircit la gorge pour récupérer leur attention. Autour d'elle, les trois autres Bénis s'étaient réunis, tous étranges avec leur crâne rasé et leur toge crème. Elle avait les lèvres argentées et un maquillage sophistiqué sur les yeux, noir et argent, avec des volutes qui s'étiraient jusqu'à ses tempes. L'autre femme était maquillée aussi, d'or et de rouge qui dessinaient des arabesques sur ses joues. Les deux hommes étaient d'apparence plus sobre, pourtant à la surprise d'Axel, du noir et de l'argent encadraient aussi leurs yeux. Il n'avait pas l'habitude de voir du maquillage sur la gent masculine, même s'il n'était pas expert des coutumes de chaque peuple des Douze Royaumes.

Les impériaux se maquillent peut-être davantage ? suggéra Telclet. Est-ce si important de modifier les couleurs de son visage ?

Je sais que pour certains cela a une signification, mais pour la plupart ça ne sert qu'à se rendre plus attrayant.

Oh. Pour attirer un partenaire ?

Entre autres. Pour se faire plaisir, aussi.

Un court silence, puis Telclet répondit :

Vous êtes quand même bizarres, sans vouloir te vexer.

La Bénie reprit la parole.

— Ecoutez-moi. Vous devez quitter cette forêt et ne plus jamais chercher à y revenir.

A ses côtés, Alistair haussa les sourcils.

— Pour abandonner nos compatriotes à votre tyrannie ?

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant