Chapitre 78

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Nicoleï trébuchait à chaque pas.

— Quelle belle idée, Nicoleï, vraiment, marmonna-t-il entre ses dents.

Il frissonnait.

Non seulement il ne voyait rien, mais en plus il faisait un froid à geler un tylingre.

La direction indiquée par le mort traversait tout le village ; même si c'était la nuit, Nicoleï avait préféré ne pas prendre de risque et éviter de traverser. C'était là qu'il aurait eu le plus de chance de croiser un promeneur nocturne.

Alors il avait préféré contourner tout le village.

Une vraie plaie.

Aucune cloture ne le ceinturait, il était obligé d'avancer à tatons d'une maison à l'autre, trébuchant chaque fois qu'il se prenait les pieds dans un buisson ou un quelconque relief de la route.

Quelle galère.

Evidemment, il n'y avait aucune indication pour lui dire qu'il était sur le bon chemin non plus. Quelle était la taille de ce village ? Il avait l'impression de marcher depuis des heures... et les maisons continuaient de s'enchainer. Il marqua un arrêt.

Était-il en train de tourner en rond ?

Il leva les yeux vers le ciel. Le Messager leur avait indiqué une étoile brillante pour se repérer, sur Niléa, parce qu'elle indiquait le nord. Evidemment, avec les nuages, impossible de la voir, impossible de voir donc s'il continuait dans la bonne direction.

Il marmonna un nouveau juron.

Il entendait déjà le Messager Ishim lui faire des remarques sur son langage et sur ses capacités à prendre des décisions.

Tout à coup, il comprenait bien mieux Axel. Etre si seul, devoir tout décider par lui-même et en assumer les conséquences... il déglutit.

Il penserait à Axel plus tard. Là, il avait d'autres problèmes – ne pas se faire remarquer – et un objectif : trouver la mine.

Il ne devait pas se laisser déconcentrer.

Il s'était attendu à ce que sa progression soit plus facile, à ce que certaines maisons laissent de la lumière filtrer par leurs fenêtres, que des patrouilles sillonnent les rues avec des lampes... mais non, tout était noir.

Cette fois, il marcha longtemps sans retrouver le moindre bâtiment. Il finit par s'immobiliser. Avait-il quitté le village ? Était-il toujours dans la bonne direction ?

Il plissa les yeux, cherchant à percer les ténèbres. En vain. Gardant les mains devant lui, il reprit sa route.

D'accord les maisons n'étaient plus là, mais il n'avait pas rencontré d'arbre non plus : il voulait croire qu'il était dans la bonne direction.

Il heurta un obstacle, battit des ailes en vain pour éviter la chute, s'étala de tout son long sur le sol.

Pas sur le sol, non, réalisa-t-il en portant une main à son front où il sentait couler le sang. Il se redressa avec précaution. Il était tombé sur une pile de gravats.

Malgré ses écorchures, il sourit.

Des gravats !

Il était certainement tout près de la mine.

Il bailla.

Et il avait besoin de sommeil. La marche l'avait réchauffé ; il était aussi arrivé à son but : il avait bien mérité un peu de repos. Fatigué, il ne serait bon à rien dans un combat.

Il restait à trouver un abri sûr.

Jusque-là, il n'avait croisé personne, mais il n'osait croire à sa chance plus longtemps. Il s'écarta du chemin pour rechercher les arbres de la forêt. Là-haut, il serait à l'abri d'éventuels prédateurs et de ses ennemis – les terrestres regardaient rarement vers le ciel quand ils cherchaient quelque chose, collés qu'ils étaient au sol.

L'écorce rugueuse sous ses doigts rendait l'escalade facile et il trouva rapidement une branche large et confortable. Il replia ses ailes autour de lui, espéra qu'il ne pleuve pas, et s'endormit.


Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant