Ils marchaient depuis des heures, et Axel, la gorge sèche, rêvait de quelques gorgées d'eau. Hélas, Solarys le rationnait impitoyablement. Axel ne savait pas si c'était pour le garder faible ou pour qu'il soit obligé d'accepter d'avaler ses potions.
Depuis qu'ils s'étaient mis en route, six jours plus tôt, Axel se concentrait sur le moment présent, refusant de songer à un avenir incertain. Les paysages restaient flous ; il n'avait d'yeux que pour Solarys, devant lui. Solarys qui ouvrait le chemin, Solarys qui lui présentait son dos, une cible si tentante qu'Axel devait serrer ses poings pour s'abstenir de tout acte préjudiciable.
Solarys l'avait prévenu, mais Axel avait essayé, une fois. Il avait mobilisé sa volonté sur sa main, pour lancer une dague avec une parfaite précision.
Et sa dague avait comme rebondi – il ne voyait pas d'autre terme – sur « quelque chose » qui avait protégé Solarys, avant de revenir vers lui. Il n'avait dû son salut qu'à un geste de protection dérisoire. Sa lame s'était fichée dans son avant-bras, et Solarys avait refusé de lui donner un antidouleur, arguant que le souvenir lui servirait de leçon.
Comme ça comme en bien d'autres choses, il avait eu raison.
La blessure sur son bras le brûlait. Il avait dû sacrifier l'une de ses rations d'eau pour la nettoyer et quémander un bandage propre auprès de Solarys. Axel pinça les lèvres. L'air satisfait qu'avait affiché Solarys lui avait donné la nausée.
Il le détestait.
Il se détestait.
La plaie aurait nécessité des points. Solarys avait refusé de s'en charger, et si Axel avait le matériel nécessaire dans le petit sac à sa ceinture, il n'était pas assez habile de sa main gauche pour s'en charger lui-même. Il s'était contenté de nouer serré, en espérant que cela suffise. La blessure continuait de le brûler, même après trois jours. Il n'osait pas regarder. Si elle s'infectait... Axel déglutit. Il était tributaire de Solarys. Il aurait seulement voulu tenir Telclet dans ses bras.
Les larmes montèrent à ses paupières, mais il les refoula. Il n'avait pas le temps pour pleurer. Pas d'énergie à lui consacrer. Mettre un pied devant l'autre, avancer. Suivre Solarys. Attendre une faille, une faiblesse.
Et en attendant, obéir pour survivre.
Chaque soir, Axel devait créer et entretenir un feu. Solarys préparait le repas, puis sortait ses fioles et ses flacons, étalait ses plantes et ses grimoires. Et il poursuivait ses recherches, lui demandait d'intensifier ses flammes pour avoir plus de lumière.
Axel serrait les dents en silence, économisait son énergie. Il refusait de laisser Solarys le séparer de Telclet. C'était son gage de survie. Solarys n'arrêtait pas de le lui rappeler ; dès qu'il pourrait tuer le serpent des vents sans tuer Axel, il le ferait. Axel s'y refusait. Il protègerait Telclet, coûte que coûte.
Même s'il ne voyait pas encore très bien comment.
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Les Vents du Destin
FantastikQue faire quand vos parents ont sauvé le monde et que votre soeur a l'oreille d'un Dieu ? Axel n'a que trop conscience des regards braqués sur lui, à l'affût d'exploits à la hauteur de la réputation de sa famille. Une pression qu'il juge insupporta...