Lucille s'était levée dès l'aube, et Alexeï avait choisi de préparer le petit déjeuner pendant qu'elle se préparait avant sa journée de travail. Il n'avait certes pas son talent pour disposer la nourriture de façon qu'elle soit agréable à l'œil, mais il roula l'omelette au persil avant de la trancher en deux pour la disposer dans leurs assiettes. Un tour de moulin à poivre, deux brins de ciboulette et une fleur de capucine ; il espéra que ça lui conviendrait.
Lucille émergea de la salle de bain, sa blouse de travail lacée sur un pantalon de toile.
— Ca sent divinement bon, Alexeï ! Tu t'es surpassé !
— Goûte donc avant de me féliciter, lui sourit-il.
L'omelette était délicieuse, il devait en convenir. Peut-être aurait-elle mérité un peu plus de sel. Lucille termina son assiette et se leva pour aller la poser dans l'évier.
— Laisse, je vais m'occuper de la vaisselle. Je sais que tu as une grosse journée, aujourd'hui.
Elle lui sourit.
— Merci, mon amour, tu es adorable. Une grosse commande nous est parvenue, en effet, et j'ai des rubis à aller tailler. Ne t'inquiète pas si je reviens après le coucher du soleil, d'accord ?
— Je ferai en sorte que ton repas t'attende au chaud.
— Merci. N'oublie pas de prendre tes potions, Solarys a bien insisté sur la régularité du traitement.
Alexeï lutta pour ne pas lever les yeux au ciel.
— Ne t'inquiète pas pour ça.
Elle était soucieuse ; pour lui, ou pour son travail ? Il n'aurait su le dire. Pouvait-elle se douter de quelque chose ? Non, il n'avait rien laissé transparaitre. Mais peut-être sentait-elle sa fébrilité.
— Tout ira bien, lui assura-t-il en caressant sa joue.
— À ce soir, alors, murmura-t-elle à son oreille.
— À ce soir, répondit-il.
Un dernier baiser, et la porte claqua derrière elle. Il était seul. Il s'attaqua à la vaisselle restée dans l'évier ; un Massilien ne mentait pas, et depuis sa position, il pouvait la voir marcher vers son travail. Il s'en voulait de la surveiller ainsi, mais il doutait qu'elle soit d'accord avec lui s'il lui dévoilait son projet.
La vaisselle terminée, il se rendit à l'étage, attrapa son sac. Une gourde, du pain et de la viande séchée, quelques affaires de rechange. Alexeï prévoyait être de retour avant la nuit, mais tenait à prendre en compte d'éventuels imprévus.
Son regard glissa sur la fiole posée sur son chevet. Il n'était pas encore décidé là-dessus. Solarys l'aidait-il vraiment avec ses décoctions ? Ou cherchait-il à le soumettre à son bon vouloir ? Sa manière de se trouver toujours là où Alexeï ne l'attendait pas le faisait pencher pour la deuxième option. Il étouffait, se sentait toujours surveillé. Mais sans Solarys, il passerait ses journées dans son lit, à gémir de douleur. Plusieurs fois il avait tenté de se passer de son médicament ; il l'avait toujours regretté, et avait toujours fini par boire l'infâme potion.
Avec un soupir, il attrapa la fiole et la glissa dans la petite sacoche pendue à sa ceinture. Autant ne pas prendre de risque. Un coup d'œil par la fenêtre lui apprit que la ruelle était déserte. Solarys était censé être occupé, aujourd'hui. Ce serait sa meilleure chance.
Alexeï descendit les escaliers au pas de course, ferma doucement la porte à clé derrière lui, avant de la glisser derrière le pot de fleurs comme à leur habitude. Toujours personne.
VOUS LISEZ
Les Vents du Destin
FantasyQue faire quand vos parents ont sauvé le monde et que votre soeur a l'oreille d'un Dieu ? Axel n'a que trop conscience des regards braqués sur lui, à l'affût d'exploits à la hauteur de la réputation de sa famille. Une pression qu'il juge insupporta...