Chapitre 44

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Nicoleï frictionna ses membres, agita ses ailes pour se réchauffer. Le sol de la grotte était glacé et il avait mal dormi malgré le feu. Il fouilla dans son sac, grimaça en voyant qu'il ne lui restait plus que trois barres de céréales. Ce n'était pas avec ça qu'il allait tenir plusieurs jours.

Il grignota une barre, avala quelques gorgées d'eau. Sa gourde aussi devait être remplie, dès qu'il trouverait un ruisseau.

Nicoleï s'approcha du rebord puis s'élança dans les airs, s'adonnant à quelques acrobaties pour se dérouiller. En quelques mouvements, il se trouva au-dessus du pic. Il n'y avait rien. Pas d'Axel.

Nicoleï jura avant de se poser sur la corniche. Axel qui disparaissait encore une fois alors qu'ils venaient de se séparer. Quelle était cette malédiction qui le poursuivait ?

Le découragement s'abattit sur lui. Qu'est-ce qui lui avait pris de pousser Axel à accepter de le prendre avec lui ? Encore une fois, il avait été un fardeau. Nicoleï serra les poings pour empêcher ses larmes de couler. Quel idiot il avait été. Axel avait eu raison. Solarys était trop dangereux pour eux.

Une fine bruine se mit à tomber. Contrarié, Nicoleï hésita à poursuivre ses recherches. Il comptait retourner en ville demander de l'aide, mais autant fouiller les lieux à fond pour recueillir le moindre indice.

Alors malgré la pluie qui s'intensifiait, Nicoleï quadrilla le pic, en long, en large, en travers, à la recherche d'une empreinte, d'un bout de tissu, de branches abimées qui auraient trahi son passage. Rien. À se demander si même des terrestres se rendaient ici, comme l'avait prétendu Tabatha.

Mais il n'avait pas rêvé ce piton à l'entrée de la grotte. Décidé à bien faire les choses, Nicoleï vint longer le ravin. Il retrouva facilement la grotte où il avait passé la nuit, ainsi que les traces laissées par son feu. Non, il n'avait rien imaginé. Et il n'y avait aucune autre trace que les siennes. Il pesta. Axel n'avait pas pu disparaitre ainsi ! On aurait dit qu'il s'était volatilisé.

Nicoleï se figea un bref instant, se ressaisit avant de s'écraser. Par Eraïm ! C'était peut-être là, la piste. Axel aurait filé par la voie des airs ?

Mais pourquoi ne pas l'avoir prévenu, en ce cas ? Ou alors, il avait été enlevé par des ailés ? Non, Axel lui avait dit explorer en contrebas pour trouver des ouvertures. Et lui était resté là-haut. Il les aurait forcément vus.

Quelque chose clochait.

La pluie s'était arrêtée. Frigorifié, Nicoleï se posa pour s'ébrouer et espérer chasser l'eau de ses plumes. Ses ailes alourdies le gêneraient pour voler. Le soleil n'était toujours pas visible derrière les épais nuages gris.

Avec un soupir, il se résigna. Aucune piste pour Axel. Aucune piste pour Solarys. Cette mission était pire qu'un échec : c'était un désastre. Autant rentrer, se faire passer un savon, et essayer de réparer ses erreurs.

Nicoleï engloutit son avant-dernière barre de céréales, pour prendre des forces pour le voyage plus que par réelle faim. L'angoisse lui tordait suffisamment le ventre, quand il songeait à l'accueil qu'on lui réservait. Un dernier coup d'œil, pour ne rien regretter, et il prit les airs, s'éloignant à vive allure de ce rocher maudit. Deux jours de voyage, s'il ne se perdait pas en route, et encore, il lui faudrait trouver de quoi manger et s'abreuver.

Nicoleï fronça les sourcils. C'était quoi, ça, derrière les branches d'épicéas qui venaient de remuer ? Il aurait juré avoir vu du mauve. Et s'il avait raison... Il obliqua immédiatement dans cette direction, plongea dans l'arbre pour bénéficier de sa couverture, se percha sur une branche. Aux abords d'un ruisseau, il le vit : Axel, en train de se désaltérer.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant