Chapitre 72

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Dédicace à Lohiel, j'espère que tu te reposes en Cinqueterre, dans ce si bel univers que tu avais su magnifiquement exploiter...



Le sac grand ouvert devant lui, Axel terminait de ranger ses affaires. La lingère leur avait apporté leurs uniformes lavés et repassés ce matin, son nécessaire de couture était là, ainsi que la trousse de premiers soins. Quelques barres de céréales, au cas où ils se retrouvent séparés. Pour le feu, il n'avait besoin de rien d'autre que son pouvoir. Tout était là, alors il noua son sac et le cala entre ses ailes.

— Je suis prêt ! lança Nicoleï.

Axel s'était proposé pour prendre une chambre avec lui. La veille, il s'était rendu compte que Nicoleï s'était senti mis à l'écart et s'en était voulu.

C'était une façon de se racheter.

— Alors, allons-y.

Un dernier coup d'œil pour vérifier qu'il n'oubliait rien et Axel ferma la porte avant de suivre Nicoleï dans les escaliers.

Ils retrouvèrent le Messager ainsi que Léo et Kiren autour d'une table et les saluèrent. Entre la corbeille de brioches et une autre de pommes, une carte de la région était déroulée.

— Voilà comment nous allons procéder, annonça Ishim. D'abord, nous allons vérifier que la forêt longe bien la côte tout le nord, puis de la même façon, du côté des montagnes. Nous monterons un camp provisoire, je préfère attendre d'être sur place pour choisir l'endroit exact.

Axel s'empara d'une brioche. Délicieuse, ça lui manquerait en forêt.

— Nous ferons deux groupes pour avancer davantage. Axel et Nicoleï... non. Chaque fois que vous êtes ensemble il vous arrive des bricoles. Nicoleï, tu resteras avec moi, vous trois, vous volerez ensemble. Des questions ?

— Pourquoi être trois, Messager ? demanda Léo. Séparés, nous serions plus efficaces. Je comprends pour Nicoleï qui n'a pas accès au Wild, mais nous, nous pouvons vous contacter en cas de problème.

— Vrai, mais je ne veux pas qu'Axel reste seul, cette fois.

Axel ne dit rien. Il n'aimait pas se sentir ainsi faible, mais le Messager avait raison. Chaque fois qu'il avait été seul, ces dernières semaines, il lui était arrivé malheur. Tout à cause de Solerys.

Je suis là, cette fois. Je n'hiberne pas.

Merci. J'espère vraiment que tout se passera bien.

L'aubergiste les salua avec un air attristé, comme s'ils n'allaient jamais se revoir. Les rumeurs concernant leur mission s'étaient ébruitées et il y avait foule dans les rues, ce matin. Si sur certains visages Axel lisait l'espoir, c'était la tristesse et la commisération qui dominaient.

Un frisson descendit le long de son échine. Ces gens vivaient là depuis des années, s'ils n'avaient jamais revu les disparus, ne devaient-ils pas avoir raison ?

Il reporta son attention sur le Messager. Ishim fendait la foule, indifférent aux gens inquiets autour de lui. La veille, ils étaient passés au bureau de la guilde des Courriers, pour envoyer un message en double exemplaire aux Djicams de Niléa et Massilia qui avaient demandé à être tenus au courant. Tous savaient d'ailleurs qu'en cas de problème, c'était là qu'ils devaient revenir pour mettre à jour la situation. Le Wild leur servirait en cas d'urgence ; prévenir d'autres Mecers, cela ne les aiderait pas vu qu'ils seraient loin de tout secours.

Un coup d'œil à Nicoleï lui montra qu'il n'était pas rassuré non plus. Il lissait sa deuxième Barrette d'un geste nerveux. Il l'avait méritée et pourtant il ne frimait pas avec comme l'aurait fait le Nicoleï d'avant. Lui aussi, il avait changé.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant