Chapitre 32 bis

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Aéryn poussa doucement la porte du bureau.

—Je peux entrer ?

Surpris, Eric releva la tête.

—Oui. Que me veux-tu ?

Aéryn se rapprocha en silence, les yeux baissés, sans regarder le tas de dossiers empilés sur le bureau, devant l'écran noir.

Éric croisa les mains, un léger pli barrant son front.

Aéryn déglutit, tritura sa veste.

—C'est Axel, il a dit... il a dit...

—Viens, invita Éric en ouvrant les bras.

Aéryn vint aussitôt se blottir contre lui et Éric passa un bras autour de ses ailes.

—Il a dit quoi, Axel ? reprit Éric.

—Il a dit que si je volais aussi bien, c'était... c'était parce que...

Sa voix se brisa et Éric resserra son étreinte, le cœur soudain lourd.

—Il a parlé des Vents ? devina-t-il.

Aéryn acquiesça, enfouit encore un peu plus sa tête dans l'épaule paternelle.

—Je ne veux pas partir, hoqueta-t-il.

Éric caressa les cheveux de son fils.

—Tu ne serais pas seul et livré à toi-même, tu sais. Il y a souvent l'un de tes frères chez Aioros.

Voyant que ses paroles n'avaient aucun effet, il ajouta :

—Et tu n'es pas obligé d'y aller, de toute façon.

Aéryn le regarda, partagé entre la joie et l'inquiétude.

—Mais... Axel a dit que...

—Axel n'a quedix-neuf ans. Il ignore encore beaucoup de choses. Si tu as besoin d'un instructeur, nous devrions pouvoir en faire venir un ici.

—C'est vrai ?

Éric acquiesça. Ce ne serait certainement pas simple, mais si cela rassurait Aéryn, il ferait tout son possible.

—J'en parlerai avec ta mère. Réfléchis-y pendant le mariage. Tu changeras peut-être d'avis.

—Et si... et si je pars, je serai avec Léander et Elésyne ?

Éric eut un demi-sourire.

—Si tu le leur demandes, peut-être.

—Léander ne maitrise pas les Vents, fit Aéryn, sourcils froncés. Mais il vole drôlement bien. Pourquoi tu ne peux pas venir avec nous sur Massilia ?

—Parce que je n'en ai pas le droit.

Aéryn fronça les sourcils de plus belle.

—Mais... oncle Aioros, il ne pourrait pas décider que tu peux ? C'est pas juste, que tu restes tout seul ici !

Éric ne répondit pas. Le temps avait passé, et même s'il avait choisi l'Empire depuis bien longtemps, il se souvenait avec nostalgie des parfums typiques de sa planète natale. C'était tout ce qui lui en restait : des souvenirs, qui lui paraissaient maintenant agréables, mais qui ne l'avaient pas été, sur le moment. Avec un soupir, il caressa les cheveux d'Aéryn.

—Bien avant ta naissance, nous étions en guerre.

—Je trouve quand même ça pas juste. C'était il y a longtemps.

—Il y a longtemps, oui. Et pourtant, ce n'est pas une époque si lointaine.

Aéryn glissa de ses genoux.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant