Chapitre 58

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Nicoleï claquait des dents. D'où étaient sortis ces nuages ? Et cette pluie ! Eraïm, il n'avait rien vu de pareil depuis une mission sur Atlantis où un déluge s'était abattu sur eux.

À côté de lui, Tabatha tentait maladroitement d'allumer le feu dans leur refuge. Elle aussi tremblait de tous ses membres.

Juste au moment où ils s'étaient suffisamment approchés du village pour obtenir quelques indices ! Enfin, après de longues minutes, les premières flammes grandirent. Nicoleï éternua, détourna la tête pour éviter d'éteindre leur feu naissant. Tabatha le nourrit de bois récupéré la veille. Bientôt, ils tendirent leurs membres glacés vers les flammes, soupirant d'aise. Quand il cessa de claquer des dents, Nicoleï retira sa veste et ses bottes, puis son pantalon, ne gardant que son vêtement de dessous. Il secoua ses ailes doucement pour tenter d'en chasser un maximum d'eau.

—J'espère que tu ne sens pas le pigeon mouillé, sourit Tabatha.

Embarrassé, Nicoleï se frictionna pour se donner une contenance.

—Tu veux que je me tourne ? Ce n'est pas bon de garder des vêtements mouillés sur soi.

—Puisque tu me le proposes... merci, apprécia Tabatha.

Nicoleï se détourna, espéra que la chaleur sècherait quelque peu ses plumes. Le feu projetait des ombres mouvantes sur la paroi de pierre.

—Tout à l'heure, j'ai senti... je suis presque certain que c'est le fait d'Axel.

—Axel ? Mais... tu veux dire qu'il aurait aussi le Don de l'Eau ? C'est impossible !

—Pas de l'eau, non. Il a utilisé ses Vents. Et sur une telle distance... je ne comprends pas comment il a fait. Je ne suis pas sûr d'en être capable.

—Tu es certain qu'il s'agissait des Vents ?

Nicoleï hocha la tête, avant de se souvenir qu'elle ne pouvait pas le voir.

—Oui. Ce n'était pas un écho, cette fois.

—Je suis visible, l'informa Tabatha. Tourne-toi, c'est déconcertant de parler à ton dos.

Nicoleï vit qu'elle s'était rhabillée de vêtements chauds et secs.

—J'ai plusieurs tenues de rechange dans mon sac, dit-elle face à son étonnement.

—Je n'y avais pas pensé, marmonna Nicoleï, dépité.

Elle éclata de rire.

—Ce n'est pas grave. Ce sont des choses qu'on apprend avec l'expérience.

Puis elle redevint sérieuse.

—Crois-tu que les villageois s'opposeront à nous si nous attaquons Solerys ?

Nicoleï haussa les épaules.

—Je ne sais pas, alors mieux vaut supposer que oui.

Tabatha fronça les sourcils.

—Je n'ai aucun scrupule à m'attaquer à Solerys, mais... nous ne savons pas si ces villageois sont complices, ou innocents.

—C'est embêtant, approuva Nicoleï.

Il commençait à se sentir confortable, à avoir moins froid, à être plus sec. Il attrapa ses vêtements et les tordit pour les essorer un maximum, les étala sur le sol. Puis s'assit et réfléchit.

—Je n'ai jamais essayé... mais peut-être que je peux utiliser les Vents pour faire diversion.

—Comment ?

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant