Chapitre 83

5 1 0
                                    

Ils suivaient toujours le Nord, n'osant voler de crainte d'attirer l'attention des Mecers contrôlés par les Bénis. Jusqu'à ce qu'ils écartent un buisson et découvrent deux maisonnettes. Axel se crispa, saisit sa lance.

— Laisse-moi gérer, intervint Alistair.

Ils s'étaient reculés de quelques pas tandis qu'Alistair défaisait son sac avant de jeter sa veste à Léander.

— Tu crois réussir à les amadouer grâce à tes muscles ?

— T'es juste jaloux, répliqua Alistair. Non, je passe la belle veste pour les impressionner.

Axel reconnut celle qu'il avait portée à son mariage. En tout cas, il ne passerait pas inaperçu avec son joli rouge vif, presque assorti à ses ailes, avec des épaulières dorées et de nombreuses décorations militaires.

— Autant mettre toutes les chances de notre côté, non ? dit-il en boutonnant les côtés.

— Tu es impérial jusqu'au bout des plumes, approuva le Messager.

Ils s'avancèrent derrière Alistair, rejoignirent une rue, puis une autre, sans croiser quiconque. Les maisonnettes de bois étaient posées çà et là, certes alignées mais moins strictement que dans un camp militaire, pour mieux passer inaperçues dans les bois, couvertes de mousse et de branchages sur leur toit pour être invisibles depuis les cieux.

Enfin, après un virage, ils tombèrent face à face avec un couple chargé de lourds paniers. L'homme écarquilla les yeux, laissant échapper sa charge.

— Vous... vous êtes... Commandeur ?

— Alistair d'Iwar, son fils, corrigea-t-il en inclinant la tête. Et vous êtes ?

— Gabriel Parsimon, j'appartiens à la Sixième Compagnie. Et c'est Miranda, ma femme. Elle était dans la Troisième. Vous êtes venus nous faire rentrer ? demanda-t-il, plein d'espoir.

— Oui, si vous le souhaitez toujours.

— Tu as entendu, Miranda ? s'enthousiasma-t-il. Rentrer chez nous !

— J'ai entendu, répondit-elle avec plus de prudence. Mais que va en penser le Conseil ? Que vont en penser les Bénis ?

— Indiquez-moi où les rencontrer pour que nous puissions en discuter. Je comprends que ces gens vous aient aidés lors de votre.... Hum, séjour, ici, mais leur autorité n'est pas reconnue par l'Impératrice Shaniel, Orssanc lui prête sa force.

Elle pinça les lèvres.

— Et nous ne serions pas accusés de désertion ? De rébellion ?

— Tout ceci s'est passé sous le règne de l'Empereur précédent, rétorqua Alistair en écartant les mains. Je peux vous promettre que l'Impératrice, Orssanc lui prête sa force, s'est montrée généreuse.

Miranda acquiesça, quoique à contrecœur. Ils déposèrent leurs paniers au bord du chemin et leur indiquèrent de les suivre. L'enthousiasme de Gabriel rappelait Anton à Axel. Qu'était-il arrivé à l'impérial qui l'avait si généreusement aidé ?

Rappelle-leur de ne rien boire ni manger, dit Axel. Eraïm ! Même l'air peut parfois être empoisonné, ici.

Zéphyr restera hors du village avec Aéryn et Lyx. Je reste avec toi.

Ils suivirent le couple, attirant les regards et les murmures comme les villageois sortaient de leurs maisons, curieux. Axel sentait qu'ils exprimaient un espoir qu'il n'avait jamais vu jusque-là, lié aux ailes rouges et à l'uniforme de son cousin. Était-ce ça, qui leur avait manqué ? Que les regards ne restent pas fixés sur ses ailes violettes était à la fois surprenant et agréable. Pour la première fois, il commença à croire qu'ils pourraient trouver une issue pacifique à tout ça.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant