Chapitre 12

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Nicoleï appela plusieurs fois son compagnon, mais nulle réponse ne lui parvint. Ses vêtements trempés lui échappèrent des mains, tombèrent au sol. Où était-il passé ? On ne disparaissait pas comme ça. Impossible !

Par réflexe, il chercha d'éventuelles traces sur le sol, n'en trouva aucune. Nicoleï jura. Si Axel lui faisait une mauvaise blague...

Non. Axel était peut-être taquin par moment, mauvais perdant, mais il l'avait réchauffé de ses flammes et il ne serait pas parti comme ça sans le prévenir. Quelque chose clochait.

Nicoleï frissonna, sans savoir si c'était à cause de l'air frais ou d'un mauvais pressentiment. Cette fois, il était seul. Personne sur qui se reposer ou à qui faire porter le blâme. Et même s'il n'appréciait pas Axel, il restait un membre du corps des Mecers, comme lui.

On n'abandonnait pas un camarade. Jamais.

Nicoleï essora une dernière fois son pantalon avant de l'enfiler. Le tissu mouillé lui collait à la peau, glacé. Les bottes se révélèrent difficile à passer. Il tapa du pied pour les ajuster, grimaça au son mouillé de chacun de ses pas. Un autre frisson lui échappa. Tout ce froid ! Il n'avait plus qu'à espérer sécher un peu au soleil.

Une goutte s'écrasa sur sa joue et Nicoleï leva les yeux au ciel. Des nuages gris flottaient au-dessus de lui, barrant l'horizon.

Mais le ciel était bleu ! Comment ces nuages étaient-ils arrivés si vite ici ? Il ne connaissait pas bien le climat niléen, mais il devait suivre des règles similaires à celui de Massilia. Et puis, les montagnes étaient loin d'ici. En plaine, le temps était censé être moins changeant.

D'autres gouttes tombèrent ; leur rythme s'accéléra. Nicoleï le connaissait bien, ce rythme. Bientôt, des trombes s'abattraient sur lui, et il serait impossible de voler. Son plumage n'était pas imperméable, et s'il supportait une fine bruine, ce déluge était une autre paire de manches. Mieux valait quitter le coin et aller se mettre à l'abri.

Et tandis qu'il volait vers la ville d'Orein, une pensée dérangeante titillait son esprit. Qui avait bien pu pousser Axel à abandonner les lieux ? Avait-il été enlevé ? Si oui, parce qu'il était Massilien, ou parce qu'il était le fils de la Souveraine ? Nicoleï ne savait pas quelle option était la plus glaçante.

Maitre Kenog allait lui passer un savon, c'était certain. Devait-il lui dire, pour Axel, ou devait-il le couvrir encore un peu ? Les prochaines heures pouvaient être décisives, et sa décision lourde de conséquences.

Nicoleï mit pied à terre quelques mètres avant l'enceinte de la cité, courut vers la demeure de Maitre Kenog en s'abritant sous ses ailes. C'était quelle rue, déjà ? Son Messager aurait ri de son sens de l'orientation déplorable. Nicoleï revint sur ses pas plusieurs fois, jurant alors que l'averse s'intensifiait. Il avait échappé au déluge dans le ciel, il n'allait pas se faire tremper au sol !

Après une incursion dans ce qui se révéla être une impasse, Nicoleï reconnut enfin les pavés peints du quartier des peintres. Un soulagement de courte durée, puisqu'il devait encore retrouver le chemin de l'atelier de Maitre Kenog. Dans les rues, tout le monde courait se mettre à l'abri de l'ondée ; les passants gênaient son déplacement, et irrité, Nicoleï songea qu'il serait bien pratique de se dégager un passage d'un coup de Vent. Pratique mais pas honorable. Alors il ravala sa colère et avança tant bien que mal jusqu'à l'atelier du peintre.

Au moins, il n'aurait pas à expliquer pourquoi ses vêtements étaient trempés.

Nicoleï poussa la porte avec un soupir de soulagement, le carillon tintant un instant pour annoncer son entrée.

Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant