Le Harfang & Le Loup - T2 - Le Manipulateur d'Énergie

7. Une idée

La voix de l'empereur qui sort de l'appareil est aussi surprise qu'hésitante :

- ... oui ?

- C'est Taïmi.

- Tout va bien ?? Qu'est-ce qui se passe ?

Évidemment, il s'attend à ce qu'il soit arrivé quelque chose de grave pour que je le dérange ainsi ! Embarrassée, je bafouille :

- Je... je suis désolée, pardonnez-moi ! Je n'étais pas sûre de si vous seriez debout ou non, je... je ne vous ai pas réveillé ?

- Qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qu'il y a ?! s'emporte-t-il, faisant siffler l'appareil.

Mais qu'est-ce qui m'a pris de déranger quelqu'un que je sais colérique, au beau milieu de la nuit, et pour rien ? Bon sang !

- Rien ! Il n'y a rien d'important ! Pardon, je suis désolée, je...

- Ah ! soupire-t-il avec soulagement, son apparente colère aussitôt disparue. Tant mieux. Tant mieux... vous m'avez fait peur.

Oh. Alors il n'était peut-être pas énervé, mais juste inquiet ?

- Je suis désolée... Je vous ai réveillé ?

- Plus ou moins, mais je ne dormais pas très bien de toute manière...

- Ah ! Excusez-moi ! Je ne sais pas exactement comment fonctionnent les boîtes à éther, je ne savais pas que ça vous réveillerait.

- Ce n'est pas grave. Vous aviez quelque chose à me demander ?

Piteusement, j'avoue :

- Euh... eh bien... non plus.

Au silence qui s'installe, je devine l'empereur perplexe.

- Je suis désolée. Je... en fait, je n'avais pas le moral, et je n'avais personne d'autre vers qui me tourner. Pardon.

- Ah.

Voilà un "ah" qui m'a l'air un peu... déçu ?

- Je suis vraiment désolée de vous avoir dérangé pour rien.

- Non, non ! Vous avez bien fait. Ce n'est pas pour rien, pourquoi est-ce que ça ne va pas... ? murmure-t-il d'une voix bienveillante.

C'est idiot, mais rien que d'entendre une voix chaleureuse me rassure. Je sens mes épaules se détendre, tout comme mon visage. Je me laisse alors tomber sur le grand tabouret qui fait face au lavabo.

Au départ, je ne comprenais pas l'intérêt de toilettes spacieuses, dans une salle déjà bien assez grande comme ça. Les meubler d'un miroir ou d'un siège m'apparaissait comme encore plus superflu ! À présent, j'apprécie ce confort pour la première fois. Ramenant mes jambes en tailleur, j'explique avec honte :

- Je ne sais pas trop moi-même. J'ai eu soudain très peur, sans arriver à me raisonner.

Loin de se moquer, il demande très sérieusement :

- Peur de quoi ?

- Eh bien... ça fait trop longtemps que nous n'avons pas eu de nouvelles de la reine ou des manipulateurs. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai eu peur qu'on n'en ait plus jamais. Qu'on ne puisse pas vous aider. Et ensuite, j'ai eu peur de Kusrian. J'ai peur qu'il m'enferme, loin de tout le monde, sans qu'on ne puisse rien faire...

Ma voix se brise, trahissant mon angoisse. Je l'entends qui lâche un juron de l'autre côté, courroucé, avant de me répondre avec solennité :

- Je ferai tout pour que ça n'arrive pas. Et si Kusrian réussissait malgré tout, il n'aura pas la paix tant qu'il ne vous aura pas libérée et ramenée ici. Quand bien même l'empire devrait en pâtir ! Je vous en fais la promesse. Je ne pensais pas vous effrayer en vous parlant de lui, pardonnez-moi, c'était maladroit de ma part.