Le Harfang & Le Loup - T2 - Le Manipulateur d'Énergie

40. Savoir quoi faire

*Et zou! Un chapitre que j'ai essayé de faire suffisamment long pour qu'il ne soit pas lu trop vite !
J'espère qu'il vous plaira, bonnes vacances à toutes et tous !*

Je n'ose pas regarder Kianshei en face, pas dans cet état, j'ai trop honte.

Il ne lui faut que quelques enjambées pour me rejoindre et, heureusement, j'ai assez de présence d'esprit pour me forcer à me relever dès qu'il arrive.

Il ne faut absolument pas qu'il reste ici et qu'on nous voie ensemble ! Avec tous ces courtisans à seulement quelques mètres... Jetant des coups d'œil anxieux à la porte, je ravale mes sanglots pour chuchoter à toute vitesse, m'éloignant précipitamment de lui :

- Il faut que tu partes ! Vite ! Il ne faut pas qu'on nous v...

Mais au lieu de m'écouter il fait tout l'inverse, se rapprochant.

- Qu'est-ce qui se passe ?! Qui a fait quoi ? ajoute-t-il, s'assombrissant.

Je me sens comme une terrible criminelle qui risque à tout moment de se faire prendre. D'un ton sans appel, j'insiste donc :

- Il faut que tu sortes d'ici !! VITE !

Mes regards affolés vers le couloir le font soupirer, avant d'enfin acquiescer et quitter les lieux en trombes. Soulagée, j'en profite pour me moucher et essuyer mes joues. En vain, car les larmes coulent toujours. Bon, au moins, maintenant je suis à nouveau tranquille... mais quelques minutes seulement après son départ, Kianshei est déjà de retour. Qu'est-ce qui lui prend ?!

Je n'ai pas le temps de protester que je le vois refermer puis verrouiller la porte derrière lui. Un brouhaha se répand dans le couloir. Voyant ma mine épouvantée, il me confie d'un ton rassurant :

- Ne t'inquiète pas. Je me suis fait porter pâle et j'ai dit que j'avais besoin de calme. Xemtei me remplace. Les courtisans ont été priés de regagner la salle de réception ou de s'installer dans l'autre couloir. Celui-ci est condamné. Personne ne viendra, personne ne nous verra. Et personne, à part Xemtei et Leireng, ne sait que je suis ici avec toi.

Sa voix tremble légèrement quand il demande, toujours aussi inquiet :

- ...maintenant, dis-moi ce qui se passe. Pourquoi tu pleures ?

Je cherche mes mots. Je ne sais pas quoi lui dire : il ne se passe rien. Pire : à cause de ce rien, non seulement j'ai perturbé la soirée, mais en plus j'imagine que les courtisans vont jaser longuement à ce sujet. Et puis, on va forcément remarquer mon absence. Et si quelqu'un faisait un lien ?!

C'est mon premier soir au palais et je commence déjà à créer des problèmes. Je suis sûre que Kusrian va se plaindre. À cette idée, j'arrive enfin à combattre les larmes pour le regarder droit dans les yeux en exigeant :

- Il faut que tu leur dises que tu vas mieux, et que tu retournes avec eux au plus vite...

Quand il s'apprête à contester, j'ajoute avec agacement :

- ... je vais très bien, il n'y a rien.

Il laisse échapper un rictus mauvais avant de répondre d'un ton au parfum de menace :

- Très bien... mais si je retourne maintenant auprès d'eux, ce sera pour leur révéler que nous sommes mariés. Comme ça, tu n'auras plus à t'inquiéter que je revienne ensuite discuter avec toi, ce que je ferai de toute façon.

Il semble irrité et son expression est étrange, chargée de non-dits. Son entêtement me fait lever les yeux au plafond en implorant les esprits de lui faire entendre raison. Quand je lâche un long soupir de frustration en guise de réponse, il déclare plus doucement :