Le Harfang & Le Loup - T2 - Le Manipulateur d'Énergie

18. Le dernier couloir

- Taïmi ? Taïmi ?

La bouche pâteuse, je sens qu'on me tire de mon sommeil en me secouant doucement, mais impossible de me résoudre à ouvrir les yeux.

- Taïmi...

Reprenant petit à petit mes esprits, je me rappelle aussitôt : ça doit être l'heure de s'occuper du spectre des archives ! Je me frotte les paupières avant de me forcer à les ouvrir...  pour me retrouver alors nez à nez avec la reine aux perles, son visage pâle et sérieux me dévisageant avec intensité :

- Taïmi, attention. Il est là.

Il ne me faut qu'un très bref instant pour que, surprise par la situation, je me redresse d'un bond et découvre qu'il n'y a plus personne avec moi.

- Taïmi ? Taïmi ? Taïmi...

J'ouvre les yeux.

Mon visage est toujours enfoui sous les draps, j'ai la tête un peu lourde, la bouche pâteuse... mais cette fois-ci, je vois tout de suite la différence et comprends qu'un instant plus tôt, j'étais en réalité toujours en train de rêver. 

Je grommelle en essayant de m'arracher à la douceur du lit.

- Mhhmm...

- Vous n'êtes vraiment pas obligée, vous pouvez vous rendormir..., me souffle gentiment l'empereur.

Mais je fais non de la tête, bien décidée à me lever.

Il est déjà en train de finir de se préparer, je comprends alors qu'il a tout fait pour me laisser me reposer plus longtemps. Sortant du lit, m'étirant et bâillant, je demande :

- Je mets les mêmes vêtements qu'hier ?

Dans un sourire complice, il fait non de la tête avant de me désigner du menton une tenue qui ressemble à la sienne. C'est sûr que ça sera toujours plus pratique s'il y a besoin de combattre, mais j'espère bien que ça n'arrivera pas !

Mes yeux indécis vont des vêtements à l'empereur. Il semble deviner mes pensées et finit de boucler sa ceinture.

- Vous me rejoignez dans le salon ? lance-t-il avant de sortir.

- Oui, j'arrive.

Ce ne serait pourtant pas la première fois que je m'habille devant lui mais, encore une fois, je me sens curieusement plus réservée maintenant que le jour de notre départ. Plus gênée, aussi.

Bon ! Je me secoue un peu et me change rapidement. La tenue est à ma taille ! Mais je doute qu'il l'ait commandée exprès... elle doit plutôt appartenir à une prêtresse qui aurait les mêmes mensurations que moi. C'est étonnant, ça voudrait dire qu'il y a quelqu'un dans cette ville qui ne fait pas au moins une tête de plus que moi !

Dans le doute, je relève mes cheveux pour qu'ils ne me gênent pas si jamais je dois me battre.

Quand j'entre dans le salon, l'empereur m'adresse un sourire appréciateur, puis je le suis jusqu'aux portes principales qu'il ouvre sur une Herayun quasiment méconnaissable tant sa mine est apeurée. La main en l'air, elle semblait prête à frapper à la porte.

- Majesté..., bégaye-t-elle en s'inclinant, surprise.

- Herayun ? Qu'est-ce que vous faites-là, qu'est-ce qui se passe ? siffle-t-il.

Les yeux de l'empereur la toisent, incisifs. 

Il a retrouvé ce ton qui ressemble si peu à celui qu'il a avec ses amis. Un ton tranchant, distant, qui lui donne des allures dures et insensibles. De mon côté, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter en la voyant ainsi malmenée alors qu'elle paraît déjà terrifiée.