Chapitre 8 : Le monde est contre moi

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La tristesse fit vite place à la haine. Alpha allait le payer et cela, peu importe le prix que ça couterait !

Éméric n'avait pas été le seul, il y a eu dix autres personnes, dont plusieurs adolescents comme mon fils.

Les larmes s'arrêtèrent de tomber, car pleurer ne fera pas avancer les choses, il faut agir !

Raphaël me releva et nous rentrâmes à la maison.

— Il faut que tu évites de faire trop d'efforts, Jenny. Siddiq est un peu déboussolé depuis tout ça, Alpha l'a laissé comme unique survivant pour nous raconter ce qu'il s'était passé. Il passera plus tard pour vérifier ta blessure.

— Je ne compte pas rester allongée dans un lit sans rien faire, Raphaël. Elle va devoir payer ce qu'elle nous a fait et je suis sûre que je ne suis pas la seule à penser cela !

— Et je suis d'accord avec toi. Mais à quoi ça servirait que tu partes dans cet état et que tu ne puisses même pas arriver jusqu'à elle ?

Il n'a pas tort, il va falloir que j'attende un peu pour ne pas risquer d'être à bout de forces quand je serai devant cet « Alpha », ça serait dommage que je la rate !

Après m'avoir déposé dans le fauteuil, il prit le chemin pour sortir.

— Tu vas où ? lui demandais-je.

— Regarder si je ne peux pas être utile quelque part, je n'aime pas rester là sans rien faire.

— Je peux venir avec toi, je sais marcher !

— Tu devrais rester un allongé. Ça fait une semaine que tu dors alors remets-toi petit à petit. Il me fit un sourire qui se voulait rassurant puis il ferma la porte-derrière lui et partit.

À peine avait-il quitté la maison que je me levai et que je montai prendre une douche. Après cela, je pris vite un tee-shirt et un jeans et je sortis dehors tout en évitant Raphaël. En marchant sans regarder devant moi, je fonçai dans quelqu'un. Je levai ma tête pour m'excuser et je vis Negan, un grand sourire aux lèvres.

— À peine debout que tu me fais déjà du rentre-dedans, ma belle. Il leva un sourcil pour me faire comprendre qu'il ne parlait pas du fait que je venais de lui foncer dedans...

— Toujours aussi charmant, lui répondis-je en roulant des yeux pour lui montrer mon agacement.

J'allai reprendre ma route, mais celui-ci me saisit le bras :

— J'imagine que tu as appris la nouvelle, il regarda mes yeux qui devaient surement être tout rouges.

— Raphaël m'a dit... Oui...

— Je suis désolé pour ton gosse.

— Ce n'était pas vraiment mon enfant, mais je le considérais comme tel, merci.

— Je ne suis pas de bons conseils, mais si tu veux parler, ou juste te défouler, tu sais où me trouver.

— Merci, Negan. Les gens pouvaient dire ce qu'il voulait sur lui, c'était quelqu'un de bien ! Dis, est-ce que tu saurais où est Daryl ? Je ne sais pas où il a mis mes armes.

— Il est au royaume pour soutenir la reine, il me semble.

— Et merde, tu ne sais pas où elles sont toi. Il y avait peu de chance que quelqu'un lui ait dit où étaient planquées les armes, mais on ne sait jamais !

— T'es pas censée rester au lit ?

— Tu es médecin maintenant ? Non, je ne pense pas, alors ne te mêle pas de ma santé ! J'avais haussé le ton et je criais sur lui. Les quelques personnes qui étaient au tour de nous nous regardèrent avant de reprendre leur route. Je me rendis compte que c'était peut-être un peu exagéré, mais qu'est-ce que je déteste qu'on me dise quoi faire ?

— Je veille juste à ta putain de santé pour que tu ne crèves pas ! Mais t'as raison, je ne suis pas médecin ! Je te laisse, j'ai des tâches à faire !

— Attends, Negan. Je ne voulais pas...

Il ne se retourna pas et continua sa route.

— Putain, criais-je avant de reprendre mon chemin à la recherche de mes armes.

Je demandais à chaque personne que je croisais si elle n'avait pas vu Daryl ou si elle ne saurait pas où étaient mes armes, mais elles ne savaient pas. Est-ce qu'au moins il avait repris mes armes ou il les avait laissées dans la forêt ?

Je décidai alors de sortir de la ville pour retourner à l'endroit où je les avais abandonnés. La personne qui surveillait la porte ne voulait pas me laisser sortir, mais en lui lançant quelques menaces, il l'ouvrit et je quittai les murs de la ville.

Je savais encore en partie le chemin qu'on avait emprunté pour nous retrouver dans un piège. J'entendis, derrière moi, des grognements. N'ayant pas pensé à prendre d'armes, je cherchai un gros caillou et je fracassai le crâne du rodeur. En récidivant cela plusieurs fois, je m'ouvris un point de suture et ma plaie se mit à saigner.

— Génial ! le monde est contre moi, c'est pas possible !

Je continuai de marcher jusqu'à retomber sur l'endroit de ma blessure. Je m'arrêtai et la scène se refit sous mes yeux : de mon coup de couteau dans l'abdomen jusqu'à aujourd'hui. Je sentais de la haine monter en moi et des larmes se mirent à couler. Je vis au sol mon couteau et le saisis. Soudain, plusieurs rodeurs arrivèrent devant moi et là, toute ma haine éclata. Je fracassai les morts les uns après les autres. Je me prenais des giclées de sang et à cause de la force de mes coups, d'autres de mes points de suture s'ouvrirent.

Il n'y avait plus qu'un rodeur en face de moi. Je me précipitai vers lui et commençai à éclater son crâne de mon couteau. Je criai sans m'arrêter jusqu'à ce que sa tête ne ressemble plus à rien. Il y avait son cerveau qui était éparpillé par tout, y compris sur moi.

J'entendis des craquements derrière moi. Je me retournai et levai mon arme pour l'écraser directement dans la tête de mon assaillant, mais lorsque je vis qui c'était, je baissai mon couteau.

— Mais tu fous quoi ici, Negan ? Je criais sur lui et les larmes me brouillèrent la vue.

— T'es sortie sans armes et sans personne. Tu veux mourir !

— Je suis une grande fille. Je n'ai pas besoin d'un chaperon, bordel !

— Oui, je vois ça, dit-il en regardant autour de moi et en revenant sur mes habits tachetés de sang. T'as rouvert ta plaie...

— Et qu'est-ce que ça peut bien te faire !

J'allai chercher mon arc, mais il me retint le bras.

— Lâche-moi ! Je me dégageai de son emprise avant de pointer mon doigt vers lui. Tu n'es qu'un sale con. À chaque mot que je disais, je me rapprochai un peu plus de lui, mais il ne reculait pas. Une fois, t'es super cool, mais après tu te comportes comme un sale égoïste. Mon doigt touchait à présent son torse. Je ne me contrôlais plus à tel point que mon doigt s'était changé en poing et que je tapai à présent son torse. Pourquoi est-ce qu'il a été à cette putain de foire ? Pourquoi bordel ! Je tapai de toutes mes forces, mais il ne bougeait pas et me laissait faire. Je ne reverrai plus jamais mon fils, ce monde me l'a enlevé. J'avais arrêté de le frapper en repensant à Éméric. À ce moment, il me prit dans ses bras.

Je sais que tu t'en veux de ne pas avoir été là pour lui, mais tu n'y es pour rien, tu t'battais. T'étais entre la vie et la mort, Jenny. Tu peux te défouler sur moi si ça t'aide, mais, il desserra son étreinte et recula pour me regarder dans les yeux. Ce n'est pas de ta putain de faute. Ce monde est un énorme merdier et l'on doit vivre dedans !

Je le regardai dans les yeux. Son regard était sincère et doux. Il me reprit ensuite dans ses bras et nous restâmes un instant sans rien dire. Ma tête était posée sur son torse, j'entendais les battements de son cœur. Je fermai les yeux pour mieux les discerner ce qui m'apaisa ainsi que la chaleur de son torse sur mon visage. J'étais bien dans ses bras...

— On devrait rentrer avant que ton prince charmant ne se rende compte que tu n'es plus dans ton immense tour.

Il essuya les larmes sur mes joues et me fit un geste pour que je passe devant lui. Avant de me suivre, il alla chercher mon arc et après nous rentrâmes à Alexandria. 

All I want, is youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant