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Eugène Middlestoock était ce que pouvait être tout majordome dans l'imaginaire collectif. Un mot pas plus haut que l'autre, d'une loyauté sans faille et un côté taciturne qui lui donnait un certain charme.

Au service de Tyki Mikk depuis presque 20 ans, il ressemblait à son maître physiquement ; il était d'une grandeur et d'une élégance sans nom, toujours sur son 31 et gérant toutes sortes de situation d'une main de fer. Eugène était inébranlable et peu de choses le surprenait. Avoir pour Maître Tyki Mikk était quelque chose en soi sachant que ce dernier avait commis toutes sortes de folies à partir du moment où il en était capable, se fichant éperdument de son statut de Marquis.

Le majordome s'était occupé dans un premier temps du jeune marquis et de son grand frère à la mort de leurs parents. Eugène était au service de leur père depuis 3 ans avant son décès et était donc resté fidèle à la famille Kamelott-Mikk comme son rôle lui permettait.

Le jeune Majordome avait joué un rôle paternel-inconsciemment-avant que les deux garçons soit recueillis par un membre de leur famille. Par la suite, il était devenu le majordome personnel des deux jeunes garçons. Ainsi il était la personne qui connaissait le mieux et depuis longtemps Tyki Mikk.

Quand le jeune marquis eût enfin la majorité, il se réinstalla dans le manoir familiale qu'il fit réhabiliter à son goût. Scheryl n'en voulant pas puisqu'il était toujours en déplacement avec son métier de ministre, il avait simplement donné la quasi-totalité des biens immobiliers à son jeune frère, possédant lui-même d'autres demeures offertes gracieusement par le gouvernement pour lequel il travaillait.

Depuis que Tyki s'était installé dans son manoir, il y avait passé en vérité très peu de temps supervisant distraitement les travaux. C'est seulement lorsqu'il s'éveilla en tant que Noé qu'il y passa le plus temps ; c'est à dire deux mois. Un record pour lui. À ce moment-là il découvrit la véritable identité de son majordome qui n'était qu'autre qu'un akuma, que le comte avait offert à son père qui fût lui-même un fidèle du Clan Noé.

Par la suite, il apprit que ses parents s'étaient fait tués par des exorcistes lors d'une mission.

Tyki possédait ainsi une double haine envers l'église. La mort de ses parents et sa mémoire de Noé. Pour mieux gérer toute cette haine, il avait donc mis à profit sa fortune et ses pouvoirs et avait construit son havre de luxure dans lequel il pouvait être lui-même ; un cabaret-club. C'était là qu'il passait la majorité de son temps s'il n'était pas avec ses compagnons de fortune dans les mines.

Jusqu'à présent aucun membre des Noé n'avait trouvé sa cachette et il en était ravi. Il n'y avait que sa chipie de nièce qui le savait mais il savait pertinemment qu'elle ne dirait rien, au vu du deal qu'ils avaient passé entre eux.

Eugène rentra dans la chambre 201. Comme il s'en doutait son maître y dormait à poings fermés, seul. C'était étrange pour le majordome qui avait l'habitude de voir Tyki toujours entouré de personne dans la chambre où il dormait. Habituellement, s'il dormait seul, il le faisait dans ses quartiers qu'il avait emménagé au dernier étage du club.

À son habitude, Eugène ouvrit les rideaux ce qui fît grogner Tyki.

« -Bonjour Maître, Carina veut vous voir pour le spectacle de ce soir. »

« -Occupes-toi en. » grommela-t-il en mettant un oreiller sur sa tête.

« -Elle a spécifié qu'elle voulait vous voir en personne. De ce que je sais, elle veut quitter le cabaret avec sa troupe. »

« -Elle a qu'à le faire, ce ne sont pas les artistes qui manquent. De toute façon je comptais les virer bientôt. » rajouta-t-il.

« -Que dois-je lui dire dans ce cas ? »

« -Rien de ce qu'elle veut entendre. Je ne la supplierai pas pour qu'elle reste. »

« -Très bien. Votre petit-déjeuner vous attend dans votre bureau. » annonça le majordome d'une voix neutre.

Tyki fît un signe de main sous la couette, signalant qu'il avait bien reçu l'information et Eugène redescendit au rez-de-chaussée, trouvant Carina et sa troupe en une houleuse discussion.

« - Ah te voilà enfin ! s'exclama la jeune femme en le voyant arriver. Où est Don Juan ? »

« -Pardonnez-moi mais le maître ne viendra pas, il est occupé. »

« -Occupé ? Mon œil ! Il m'a laissé en plan comme une pauvre loque hier soir ! Et il ne veut même pas venir ?! Quel enfoiré !! s'énerva-t-elle. Je vais récupérer ce qui est à moi et brûler cet endroit ! »

Une gymnaste de la troupe essaya de calmer la leader mais finalement elles s'embrouillèrent puisque Carina ne voulait rien entendre.

Eugène soupira. Il avait l'habitude de ce genre de situation. Calmer les amantes du Marquis faisait malheureusement parti de son quotidien depuis que ce dernier avait été en âge d'avoir une vie sexuelle, c'est-à-dire, tôt, trop tôt au goût du majordome qui aurait mérité quelques années de répit.

Cependant, il trouva la situation quelque peu étrange. Tyki ne laissait jamais tomber ses coups d'un soir et finissait toujours par dormir avec eux sous l'influence de l'alcool ou d'une nouvelle drogue. C'était extrêmement rare qu'il se retrouve à dormir seul et sobre. Eugène savait depuis des années, que son maître était incapable de dormir aux côtés de quelqu'un « conscient ».

 Toutes ses remarques en tête, il reporta son attention sur les deux jeunes femmes qui se crêpaient le chignon, l'une voulant déguerpir et l'autre voulant à tout prix rester.

« -Je m'excuse de vous interrompre mesdames, mais je vous demanderai d'effectuer votre choix de rester ou non dans le calme et de me donner votre réponse d'ici 20 minutes. Si ce n'est pas le cas, j'ai la fin de votre contrat ici, montra-t-il en sortant un papier de sa pochette de costume, que M.Mendes à rédigé et signé, il ne manque que votre signature. »

« -Ha ! Je n'y crois pas ! Il avait déjà prévu de nous virer ce connard ! Quel manipulateur et profiteur ! Tu veux toujours rester, Paola ? Parce que nous on se barre d'ici ! » désigna-t-elle en montrant le reste de la troupe.

La jeune gymnaste ne pût rien répondre et s'inclina devant sa leader.

« -Avant de partir, je veux récupérer ce qui m'appartient. » ordonna-t-elle.

« -A ce propos..., commença le majordome, quand vous donnez un bien physique au Maître il vous est impossible de le reprendre, j'en suis navré. »

« -Quel bien physique ? Je ne lui ai rien donné de tel ! Je veux qu'il me rende ma broche familiale ! » s'énerva-t-elle de plus belle.

« -Vous voulez vraiment, que je dise quel bien vous avez donné devant toute votre troupe ? »

La jeune femme s'empourpra de honte, prit ses affaires rageusement et lança :

« -On y va ! »

Le majordome regarda la troupe quitter le cabaret. Heureusement, les propositions pour jouer ici ne manquait pas. De ce pas, il s'enferma dans son bureau et appela une nouvelle troupe pour le spectacle de ce soir. 

Amour NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant