Captivant TOME 2

Hors série 8

Hors série n°8 - Départ - P.D.V Allan Morgan

Encore une fois je l'admirai. Je laissais mes yeux le parcourir dans son entièreté. Puis, ils osèrent et arrêtèrent de l'esquiver. Alors, ce fut là, qu'il osèrent la regarder. C'était sûrement la plus douloureuse qui m'était apparue. Parce qu'elle me visait directement et qu'elle retirerait au monde quelqu'un de grand. Elle était longue, et, elle me brulait à chaque pas que je faisais. Elle me rappelait la fin d'un temps qui arrivait. Et encore, je ne la voyais pas directement. Elle s'était logée dans mon dos, afin de ne pas éveiller mes soupçons. De laisser la personne concernée s'éteindre et son souffle la quitter. C'est pour cela que j'allais tout faire pour l'en empêcher.
J'entendis des pas s'approcher, alors, je remettais ma chemise, cachant l'immondice qui s'était logée dans mes chairs, les ouvrant. Un picotement me parcourut de tout son long. Je sentais que ma chemise venait de s'accrocher à la peau maltraitée. Cette torture durerait encore. Je serrai les dents pour n'émettre aucun son, pour ne pas éveiller les soupçons. Une personne toqua à ma porte. Je me relevais, bien qu'un peu lentement, et marchait jusqu'à la porte. Je l'entrouvris, ne laissant dépasser que ma tête. Ma bouche s'entrouvrit, il était là.

-Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? Je vous ai apporté de la glace pour vos mains.

Son regard y dériva, l'une d'entre elle était accroché à ma porte. Son regard peiné la scruta, il avait mal pour moi.

-Vous vous êtes blessé, vous voulez peut-être que le médecin vous soigne ?

-Non.

Il parut surpris de la rapidité de mes mots. Il découvrirait la marque maudite qui me recouvrait le dos. Sans que personne ne comprenne d'où elle vienne, ils se douteraient et m'enfermeraient. Sans un mot, je me retournai après avoir ouvert la porte plus grand, l'incitant à rentrer. C'est ce qu'il fit après avoir refermé la porte. Je m'avançais jusqu'à mon lit où je m'asseyais calmement, le visage fatigué. Ce lien ne me laissait aucun repos, j'en étais épuisé.

Je l'entendis s'approcher, son inquiétude refaisant surface. Silencieusement, il disparut dans la salle de bain. Je me crus tranquille un instant, avant d'entendre à nouveau ses pas. Il avança, encore et encore. Puis, étonnamment, il s'agenouilla devant moi. Lorsque je levai le regard vers lui, le sien observait mes mains. Toujours dans ce silence paisible, il ouvrit un tube de crème avant d'en mettre sur le bout de ses doigts, attrapant par la suite délicatement ma main. J'en frissonnai, cette douceur  dont il faisait preuve avec moi me ravissait d'un côté. Mais, ce n'était pas moi qui pensait cela. C'était cette autre partie de moi, celle que j'avais toujours dissimulé, celle dont je ne voulais pas. Et je l'observai, là. Appliqué à sa tâche, soignant les blessures que je m'étais infligé pour lui finalement.
A la lueur de la nuit, avec cette faible lampe de chevet qui l'illuminait, il semblait être un autre. Mais je savais que c'était lui. Ses yeux gris nuageux me l'affirmaient. Ses gestes contrastaient avec cette sauvagerie qu'il diffusait. Il était trop doux, trop bienveillant. Son apparence rendue féroce par la nuit ne reflétait pas son âme pure. Cette âme si différente de la mienne.

-Pourquoi faites vous cela ?

Ce n'est qu'alors qu'il releva les yeux vers moi. Sans comprendre ce que je disais. Alors, il s'arrêtait, m'observait de ses yeux tourmentés, puis reprenait.

-Je prends soin de vous.

-C'est le lien qui vous y incite.

Je me sentais soudainement triste à mon tour. S'il n'y aurait pas eu ce lien, il n'aurait jamais fait ça. Il ne m'apprécie par pour qui je suis, mais pour ce que je représente. Et c'est ce pour quoi ce lien est si haïssable. Il nous fait devenir quelqu'un d'autre, nous fait ressentir des choses, nous incite à prendre soin de l'autre. Avant de m'en apercevoir, ses yeux avaient capturé les miens, ils les avaient emprisonné, tout comme il l'avait toujours fait finalement.