3 - Douleur

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Je me recroqueville sur moi même. Mes larmes coulant à flot. Ce mal être revient. Il sera toujours là au fond. Attendant seulement le bon moment pour ressortir. J'ai peur. J'ai peur de ce que je serai capable de faire. Jusqu'où je pourrai aller maintenant que plus rien ne me retient. Je sais que je serai capable de me faire du mal. En même temps. Je ne suis pas à la hauteur. Ce monde est beaucoup trop douloureux pour moi. Les personnes habitant ce monde en sont la cause. Je suis si stupide. Si je n'étais pas là, Allan aurait déjà sûrement rejoint son compagnon depuis longtemps. Je ne serai pas son protégé. Je ne serai pas ce boulet qu'il doit se coltiner. Je suis tellement faible. Incapable de me protéger moi-même. Je suis si inutile. Le monde sans moi se porterait beaucoup mieux. Si vivre signifie souffrir, à quoi cela sert-il de vivre ? De se plier aux règles ? 

La vie. Qu'est-ce que la vie ? C'est grandir, apprendre, avoir un métier, des amis, un être cher, avoir des enfants, se marier. C'est une répétition infinie de ça. D'un être humain à l'autre, certaines choses varient. Mais elles restent tout de même principalement les mêmes.

Je me traîne hors de mon lit avant de m'allonger sous les couvertures. Je suis dans mon cocon. Ce cocon m'assure un sentiment, au moins minime, de sécurité. Personne ne peut me voir de là où je suis. Je ne veux voir personne. Je veux être seul. Ressasser tout mon passé.


P.D.V Extérieur (le premier !)

Quelques mètres plus loin, un professeur, d'apparence jeune, regardait les draps bouger sous les spasme du jeune lycéen. Le regret ainsi que la peine le rongeait. Il regardait l'être le plus cher à ses yeux se faire du mal, avoir mal, à cause de lui. Il s'en voulait terriblement et était prêt à tout pour revoir le jeune homme heureux. Réellement heureux. Attristé, il décida de le regarder, de l'écouter pleurer, de longues minutes, d'infinies heures. C'était sa sentence pour avoir osé faire du mal à cet être si fort et courageux qui ne méritait pas cela. Au bout d'interminables heures, le blondinet finit par s'endormir. Ses pleurs s'étant arrêtés. Il regarda par la fenêtre le corps immobile, ses couvertures le cachant de tout œil indiscret.    


Du côté de notre très cher Allan, il était toujours en compagnie de son gentil compagnon. Ils étaient à présent chez lui. Ils parlaient de tout et de rien. Écoutant juste la voix de l'autre, le touchant pour être sûr qu'il était bien là avec lui. Yvan n'était pas très loin, guettant sur le pas de la porte. Leur laissant l'intimité nécessaire pour ces retrouvailles particulières. Le simple fait de pouvoir prendre l'autre dans ses bras était largement suffisant pour eux. Ils souhaitaient simplement sentir l'autre près de lui. Après un agréable silence, Allan le perça en disant:


-Je ne peux pas revenir au domaine tout de suite. 


Son compagnon caressa doucement ses cheveux, attendant qu'il continue. Allan plongea ses yeux dans ceux de son vampire, sa tête étant posée sur les genoux de celui-ci.


-Je dois veiller sur Antoine.

-Le jeune homme qui était avec toi tout à l'heure ?

-Oui. Je ne peux pas le laisser alors que je sais ce qu'il vit. Je sais qu'il a besoin de quelqu'un à qui parler. Je ne peux pas le laisser seul.

-Je suis si fier de toi. Tu es quelqu'un de confiance Allan. Tu es quelqu'un de très intelligent.


Les yeux du dénommé Allan s'embuèrent. Personne ne lui avait jamais dit ça dans sa vie. Ses parents une fois si. Mais c'était il y a si longtemps.


-Merci... Merci de croire en moi.


Lucas sourit tendrement à Allan.


-Avais-tu quelqu'un sur qui compter ?


Comprenant directement sa question, Allan hésita avant de tout de même lui dire.


-Non. J'ai tout subi seul.


Les caresses dans les cheveux châtains d'Allan s'arrêtèrent brusquement. Des larmes inondèrent les yeux de son compagnon. Lucas pleurait. Il avait de la peine. La douleur qu'il avait ressenti était intense, même avec des piliers, des soutiens. Alors sans personne. Ce devait être affreux. Il releva Allan de ses genoux avant de le prendre brusquement dans ses bras et de dire:


-Je suis désolé. Je t'ai effrayé. Je ne t'ai pas laissé assez d'espace et à cause de moi tu as souffert. J'ai été trop insistant avec toi et je te demande pardon.

-Ce n'est pas à cause de toi que je suis parti... C'est à cause de la situation. Je me sentais prisonnier.


Le vampire resserra ses bras autour de son calice. Voulant le sentir. Sentir qu'il était bien là. Bien vivant. Son cœur battant dans sa poitrine. Allan ne chercha pas à se soustraire de sa prise, n'en n'ayant tout simplement pas l'envie. Il se sentait si bien. Contre lui. Décidant d'être un peu égoïste, il enfouit se tête dans le cou de son compagnon. Il ne fuira plus. Parce que sa place était au près de lui. Parce qu'il tenait trop à lui pour cela. Mais il ne laissera pas son ami seul. Il allait l'aider à traverser cette mauvaise passe. Il allait le soutenir. Il sera l'un de ses pilier les plus solide.


Les amis d'Antoine s'inquiétaient. Aucunes nouvelles de lui autre que son message. Ce n'était pas dans ses habitudes. Il était toujours du genre à prévenir. Sauf à une certaines période. Celle où il se refermait. Celle-là où il ne voulait plus sortir en dehors des cours. Parlant moins. Ils avaient remarqué mais avaient décidé de ne pas faire de commentaires. Si Antoine voulait leur dire quelque chose, il le ferait. Cela ne servait à rien de le forcer. Le voir ainsi les avait tout de même attristé. Se refermer sur lui même. Être différent. Mais... Était-ce vraiment à cause de Clément ? C'est ce qu'ils pensaient tous. Mais malheureusement. La réalité était plus complexe que cela. Laissons de côté ses jeunes lycéens pour le moment.


Revenons auprès de notre protagoniste qui venait tout juste de se réveiller. Mais à peine réveillé, ses pensées étaient déjà sombres. Quand nous tombons au plus bas, tous les prétextes, toutes les fautes, sont bons pour se faire du mal, se tourmenter. Peu importe ce que c'est. C'est à cause de nous.

Captivant TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant