Captivant TOME 2

32 - Réalité

Des bulles remontèrent à la surface de l'eau. Le corps immergé semblait ne pas vouloir remonter à la surface. Il dut tout de même s'y résoudre. Mourir n'était pas encore prévu dans son programme. Puis, sa mort entraînerait celle de son compagnon. Son compagnon. Celui qui le soutenait mais qui lui avait fait du mal. Malgré que celui-ci ait changé, n'était-il toujours pas le même au fond ? Pouvions-nous réellement changer pour de bon ? Et aussi rapidement ? C'était plus cela la question qui importait le plus à la personne totalement perdue qui prenait son bain. Pourquoi devait-il toujours lui arriver des choses improbables ? Comme par exemple le fait que malgré qu'il soit un homme, il était enceint de jumeaux ? Cela aussi était la véritable question de tous ses problèmes.

Cela faisait maintenant deux jours qu'il était arrivé. Le jeune lycéen reprendrait les cours le Lundi même alors qu'ils étaient déjà le Samedi. Ses vacances avaient été tellement étranges mais tellement courtes aussi. Antoine ne voulait pas revoir les autres lycéens. Sentir leur regard, leur jugement. Il avait besoin de temps. Il ramena ses jambes contre lui tout en se redressant. Avec ce geste, il voulait simplement se protéger des autres, se protéger du monde extérieur si vaste mais si terrifiant. Tout ce que les humains pensaient, tout ce à quoi ils se rattachaient, tout était faux. Ce n'était qu'un tissu de mensonge. La vérité était toute autre. Mais cela, ils ne le savaient pas. 

L'eau de son bain commençait à devenir froide. Ses doigts étaient tout fripés. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Mais il ne voulait pas sortir. Il avait besoin d'être seul, loin de tous ces mensonges, loin de tous ces regards. Des larmes se formèrent dans ses yeux avant de déborder, coulant le long de ses joues avant de finir leur course dans le bain froid. 

Beaucoup de rumeurs, de questions circulaient sur lui et Adrien. Quoi de plus normal. Un calice porteur et lié ayant une odeur humaine était tellement inattendu. Surtout pour un calice aussi "important". Il était tout de même lié à quelqu'un d'assez haut placé dans la société vampirique. Le second fils de l'une des familles dirigeantes, la famille Lennix. Les rumeurs essayaient d'être démenties ou au moins étouffées mais ce n'était pas évident de toutes les faire taire.

Ils devaient donc faire semblant. Paraître naturel et assez proche d'Adrien. Mais c'était si compliqué. Devoir faire semblant, jouer la comédie. C'était atroce. Surtout qu'à chaque fois où il attrapait sa main, même doucement, il se souvenait de tout. Parfois il se réveillait dans la nuit. Ses cauchemars avaient repris. Il revoyait tout. Heureusement que les pièce étaient insonorisées. Ce fut souvent la matriarche dans ces moments là qui le consolait tout en le berçant pour qu'il se rendorme. Elle veillait sur lui la nuit. Lui ramenant la couverture sur lui lorsqu'elle tombait, lui redonnant l'une de ses peluches lorsqu'elle s'éloignait. La journée, lorsque qu'il se réveillait en sursaut, il retenait ses cris de justesse. Gérald et Tristan veillant toujours sur lui la journée, qu'il soit avec quelqu'un ou pas.

Ce n'est que dans ses moments là, quand il était seul, qu'il se permettait de pleurer tout en repensant sans cesse à tout cela.

Le jeune homme, trop absorbé par ses pensées n'entendit pas la personne qui toquait à la porte. Il ne l'entendit pas s'ouvrir non plus ni même la personne qui entrait. Pourtant, ses talons claquaient contre le carrelage de la salle de bain. Ce n'est que lorsqu'une serviette de bain se posa sur sa tête qu'il sortit de ses pensées. Il essuya rapidement ses larmes, espérant que la personne ne les avaient pas vu. Malheureusement pour lui, elle les avait très bien vu. Il leva la tête pour croiser les yeux réprobateurs de la matriarche. Elle semblait énervée. Rien de très étonnant en soit. Son gendre, enceint était depuis deux longues heures dans un bain maintenant froid. En plus de cela, il pleurait. Ses yeux cernés étaient en plus de cela rouges.