72 - Rencontre

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J'étais somnolant, complètement. Mais je luttais. Je voulais impérativement les rencontrer. Qu'est-ce qui pouvait bien leur prendre autant de temps ? J'étais inquiet, et c'était ce qui me maintenait éveillé. Ce mélange entre l'envie et l'anxiété qui me faisait m'accrocher. J'entendis à peine la porte s'ouvrir. Je remuais, ouvrant légèrement les yeux pour tenter d'apercevoir nos bébés. Cependant, deux silhouettes trop grandes entrèrent dans mon champ de vision restreint. Une grande main caressa mes cheveux et me chuchota de me reposer.

-Alors ? murmura la voix de Georges.
-Ils nous ont directement renvoyé ici sans même nous les montrer, déclara Adrien dans un soupir.

Il n'avait pas cessé ses caresses et sa simple présence apaisait mes battements de cœur, me forçant à me reposer à nouveau. Bien vite, la somnolence reprit le dessus et je ne fis plus attention à eux. Cependant, une part de moi restait consciente pour attendre nos deux nouveau-nés.
Soudainement, alors que mon esprit rassemblait ses forces pour m'emmener dans le pays des rêves, la porte claqua brutalement et la voix de ma mère s'écria.

-Alors la famille !

Je sursautai violemment, rouvrant soudainement les yeux sous la douleur provoquée. Ma mère se tut immédiatement lorsqu'elle vit les stores à moitié fermés. La main d'Adrien s'était crispée dans mes cheveux, il n'appréciait pas la façon dont elle venait de perturber mon repos. Tout en me recouchant mollement, je me blottissais contre ses jambes repliées. Je le sentis se détendre en me sentant comme ça, si près de lui.

-Ca va, murmurai-je, je ne dormais pas.

-Tu devrais pourtant Antoine, déclara mon père. Adrien a raison, il vaut mieux se reposer pendant que les infirmières s'occupent de vos jumeaux, il sera trop tard lorsqu'elles vous les livreront.

-Désolé mon cœur, je ne savais pas que tu dormais. Pour tout t'avouer, mes deux accouchements ont été par voie naturelle alors, je ne sais pas trop comment ça se passe autrement.

Je sentis la main de ma mère se poser contre ma joue, de l'autre côté du lit.

-Tu as mal ?

-Je veux juste les voir, couinai-je.
-Il faut être patient. Les bébés vampires nécessitent une analyse plus poussée que les bébés humains, m'apprit la matriarche.

Je grimaçais, ne voulant pas qu'on leur fasse du mal.

-C'est vrai Antoine que je suis tata ?

J'ouvrai les yeux pour tomber dans le regard de ma petite sœur qui m'observait de ses grands yeux crédules. Je lui souriais faiblement.

-Oui c'est vrai. Et tu vas bientôt pouvoir rencontrer tes neveux.

Elle sautilla presque. Ce n'était pas évident pour elle de comprendre tout ça, elle était encore petite.

-Calme toi un peu Amandine. 

Ma sœur finit par se calmer, après avoir grimacée longuement. Je n'arriverai pas à me rendormir de toute évidence. Je me redressais et Adrien m'aida pour me mettre en position assise, calant un coussin derrière mon dos. Je le remerciais et me calais un peu contre lui en soupirant. Lui même soupira, attrapant ma main pour me la caresser tendrement.

-Tu ne veux pas te reposer un peu ? me demanda-t-il doucement.

Je secouai faiblement la tête.

-Je n'y arriverai pas tant que je ne les aurai pas vu.

Il pouffa légèrement, se souvenant à l'instant à quel point j'étais têtu. Par chance, une infirmière passa dans le couloir. La porte de ma chambre ouverte, elle se tourna vers nous avec un grand sourire.

-Bonjour, nous salua-t-elle. Que puis-je faire pour vous ?

-Hé bien, nous n'avons toujours pas vu nos enfants depuis qu'ils sont nés, il y a une heure à peine.

La femme plissa les yeux en attrapant sa tablette. 

-Quels sont leurs noms s'il vous plait ?

-Céliane et Maëlan Lennix.

Ses yeux s'ouvrirent en grand avant qu'un grand sourire ne se forme sur son visage.

-Alors ce sont vous leurs parents ?

Elle s'approcha encore, dépassant la porte.

-Ils sont adorables. Franchement, de vrais petits anges. Ils ont conquis tout le service et depuis qu'ils ont atterri dans le service, beaucoup moins de monde circule dans les couloirs pour les patients, soupira-t-elle. Quoiqu'il en soit, je reviens avec eux.

Puis elle partit avant que nous pûmes en placer une. Je sentis les muscles d'Adrien se tendre inconsciemment, il était lui aussi impatient. Mon cœur s'emballa, nous allions les rencontrer. Enfin, après tout ce temps, après tout ce qui nous était arrivé. Le silence perdura dans la pièce, chacun était dans ses pensées. J'entendis  lointainement le son des roulettes qui s'approchaient. Je me redressais, le bas de mon ventre me tira, mais je n'y faisais pas attention. Soudainement, l'infirmière apparut avec un premier lit à roulette, s'approchant de nous avec un grand sourire. Une autre infirmière inconnue mais qui paraissait douce la suivait avec un second charriot. Je sentis les larmes me monter aux yeux en apercevant la petite bouille endormie de notre fille. Elle portait la jolie petite tenue rose pâle qu'on lui avait soigneusement choisi Adrien et moi. Ca avait été le coup de cœur. Et elle était si belle avec ! Bientôt, notre fils lui vola la vedette, paré d'un bel ensemble bleu pâle, il cassait tous les codes en gesticulant dans tous les sens. Je tenais à présent mon coupable !

-On a dû les séparer, le petit garçon était sur le point de frapper sa sœur, s'exclama la seconde infirmière.

La première s'approcha de la fenêtre et ouvrit les volets, nous permettant de mieux observer ces deux petits bébés. Le petit garçon ne se calma pas, ses traits se déformèrent. Le sentant sur le point de pleurer, je fis un geste pour l'attraper. Cependant, Adrien m'arrêta, me demandant de me ménager. A la place, il l'attrapa et me le tendit doucement, faisant bien attention à ne pas lui faire de mal. Je le pris tout contre moi et sentit mon cœur se gonfler en voyant ce petit être si fragile se calmer instantanément dans mes bras. Ses petits poings se resserrèrent contre ma poitrine, comme s'il tentait de me garder contre lui en attrapant le pyjama que l'hôpital m'avait fourni. Je sentis son souffle s'apaiser, il venait de s'endormir, juste comme ça. Je retins mes larmes de couler, ne voulant pas le réveiller. A la place, je le serrai tendrement contre moi, caressant son petit corps chaud endormi dans mes bras. 
Je levai les yeux, m'émouvant devant la vision d'Adrien avec notre petite Céliane. Lui n'avait pas hésité, il pleurait de joie. La petite se réveillait petit à petit et commençait à gesticuler faiblement. Puis elle se calma lorsqu'elle sentit des petites caresses sur son ventre. Elle posa sa tête contre son papa et s'endormit comme une masse. Nos yeux se connectèrent et, c'est là que je compris réellement pourquoi tout cela était arrivé. Ma tête se posa contre l'épaule de mon compagnon, près de celle de notre petite fille. Je me sentais soudainement grandit. Grandit, mais terriblement heureux. Je les aimais à un point que je n'aurais pas cru possible. Pourtant c'était là, en face de moi. Tous les quatre, nous étions une famille.
Nos parents respectifs s'avancèrent, eux aussi voulaient admirer ces beaux joyaux, leurs petits-enfants, les tous premiers. Et les derniers, c'était certain. Je n'osais pas imaginer à quel point ces deux petits allaient nous tourmenter, alors, en imaginer d'autres, c'était infaisable ! Mon compagnon me suffisait, et, ces deux petits bébés me comblaient. J'avais encore un mois à tenir avant d'enfin pouvoir profiter d'eux comme je le voulais. Et puis, Adrien aussi serait là.

-Vous allez devoir rester quelques jours à l'hôpital avant de pouvoir rentrer chez vous. D'ici deux jours, je pense que vous vous serez déjà bien remis sur pied.

Et j'en aurais bien besoin. Je me sentais déjà somnoler à côté de ces deux dormeurs. Ils n'avaient pas fini de nous surprendre.

~Petit chapitre en avance...;)

Captivant TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant