62 - Retour compliqué

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-Tu as passé un bon week-end toi.

Antoine posa son sac sur sa table avec un petit sourire, il pouffa même un peu en y repensant.

-Ca se voit tant que ça ?

-Ce serait être aveugle que de ne pas le voir, soupira Thomas.

Celui-ci retrouva lui aussi rapidement sa bonne humeur.

-Je me casse à midi.

-Ah, et pourquoi ?

-Je sèche le contrôle de l'autre abruti.

Antoine ne put sourire qu'un peu plus, il aurait une bonne note. Pourtant il grimaça en repensant aux propos de son ami. Il finit par s'asseoir sur sa chaise lourdement en acquiesçant.

-Tu as raison, quel abruti celui là.

Ils soupirèrent de concert, pour des raisons différentes. Bien que son cœur et son humeur se soient allégés, sa fatigue s'était probablement décuplée, et pas seulement à cause de son imbécile de vampire. Ils sentaient les deux petits zozos remuer de plus en plus, perturbant ses nuits déjà courtes, comme s'ils étaient en accord avec leur maudit père. Il soupira encore, ses épaules s'abaissant en captant le regard du professeur. C'était un crime de commencer si tôt avec de la philosophie dès le matin. En laissant divaguer son regard, il constata qu'il manquait Allan et l'autre étrangeté qui l'avait pratiquement forcée à garder sa mignonne petite princesse. En y repensant, il comprit l'intérêt d'Adrien pour les petites princesses, elles sont si adorables !

-Tu fais que de soupirer, ça va pas ? se pencha Thomas vers son ami qui avait le regard dans le vide.

-Si, si. J'étais entrain de me dire que tu n'aurais pas dû venir, franchement, deux heures de philo et deux de physique, c'est pas ouf pour commencer la semaine.

-Tu parles, les TP de physique ce sont les meilleurs. Je les louperai pour rien au monde. Ils sont dangereux et là au moins on a une bonne raison d'utiliser une blouse. Nan mais franchement, la svt, jusqu'au bout c'est nul.

-Au moins le prof est pas dégueulasse.

Antoine aurait presque pu sourire malicieusement, mais, il se savait trop observé pour ça. Alors, il se contenta d'imaginer la tête d'Adrien, parce qu'il était certain que s'il ne l'avait pas entendu lui-même, ça lui sera répété.

-Il était pas dégueu quand on le connaissait pas. Ce prof veut juste notre mort sérieux.

Ils se firent interrompre par une personne toquant à la porte. Allan se présenta avec un visage si détendu que certains prirent peur. Ils eurent un mouvement de recul qui n'échappa pas aux humains présents. Thomas se pencha vers Antoine une nouvelle fois.

-Wow, tu crois qu'il a fait quoi ? Une séance de massage ? Un bain de boue ? Un voyage au bord de la mer ? Il a le teint si frais et...il semble beaucoup plus serein.

C'est vrai qu'il semblait avoir perdu quelques années. Ce qui, finalement, le ramenait à son âge véritable. Un petit sourire étira les lèvres d'Antoine, Allan venait de goûter aux plaisirs du lien. Il se souvint de leur discussion, puis de la peur mélangée au soulagement dans les yeux de son ami lorsqu'il regardait l'homme qu'il aimait. Il était content que celui-ci ait sauté le pas. Ils le méritaient tous les deux. Ce n'était sûrement pas la première fois, bien sûr que non ! Mais, néanmoins, plus ils y goûtaient et plus Allan s'épanouissait. Et après un week-end à avoir profité l'un de l'autre tendrement, c'était évident. Finalement, après avoir arrêté de lutter contre ce lien et de s'y refuser un certain temps, il l'avait retrouvé, et avec lui, la paix. Il vint s'installer silencieusement devant eux et suivit le cours, bien qu'il paraissait complètement ailleurs. Antoine n'eut pas le temps d'attirer son attention qu'une autre personne interrompit le cours.

-Bonjour.

Andrew, alias Gabriel comme nom de lycéen, venait d'ouvrir la porte, les yeux encore à demi-fermés, les cheveux en bataille. Le professeur ne posa pas de questions et l'envoya rapidement à sa place. Le chef de famille s'installa en baillant bruyamment, faisant se retourner quelques personnes. Le regard noir du professeur ne lui fit rien. Il se pencha vers Allan, sortant peu à peu des vapes encore fraiches de son sommeil.

-Qu'est-ce qui leur a pris de commencer si tôt ? Il est à peine huit heures, soupira le chef de famille.

-Il est déjà plus de huit heures trente Gabriel. Tu es en retard.

-J'ai mis mon réveil pour huit heures, parce que tu m'as dit qu'on commençait vers huit heures.

-A huit heures, le corrigea le second.
-C'est pareil. J'aurais su, je ne me serais pas couché à trois heures.

Allan leva les yeux au ciel, essayant de suivre le cours, mais entre son voisin et ceux de derrière qui papotaient, c'était plus dur qu'il ne le pensait. Antoine se pencha et tendit son bras, enfonçant son stylo dans les côtes d'Allan pour qu'il se retourne.

-T'es pas le mieux placé toi, tu loupes souvent ton réveil en se moment, chantonna-t-il avec un regard malicieux.
-Comment tu le sais ? 
-Yvan vous a surpris encore au lit, alors, je peux te jurer que ça a fait le tour le jour-même. Je sais pas comment, mais, j'en ai entendu parler au moins trois fois. 

Allan soupira faiblement, il se doutait que sa relation avec Lucas ne serait pas longtemps privée. Après tout, c'était un chef de famille, dont il avait été séparé pendant longtemps. Andrew lui donna quelques petits coups de coude, clairement amusé.

-Qui ? grogna-t-il presque, son visage serein perdant un peu en clarté.

-Georges m'a appelé, Yvan m'a appelé aussi, Andrew bien entendu, et même Adrien me l'a redis le jour-même, il en avait entendu parlé par sa mère lui.

Probablement le plus gros défaut de Georges, commun à celui d'Andrew, le commérage. Il en soupira.

-Tu t'es remis avec Adrien ? demanda Thomas. 

Allan releva rapidement la tête vers Andrew en lui faisant les gros yeux pour le faire taire. Il connaissait sa langue trop pendue.

-Oui, être loin de lui m'a fait comprendre à quel point j'avais besoin de lui.

Thomas grimaça.

-Tu es cucul ce matin Antoine. C'est pour ça que tu étais si content ? Vous avez dû passer un trèèèès bon week-end, le taquina-t-il.

Ils furent étonnés de voir Andrew se retourner et hausser ses sourcils en leur adressant un sourire en coin.

-Quel dépravé, soupira Allan.
-Je t'ai entendu.
-Tant mieux.

Au final, presque une heure trente plus tard, deux feuilles remplies entièrement de morpions et une bonne humeur retrouvée, les troupes furent libres et se dispersèrent. Andrew et Allan disparurent mystérieusement dans la mêlée, Andrew taquinant son ami de longue date. Thomas tira Antoine à travers les couloirs d'un pas joyeux. Ils arrivèrent bien vite devant un distributeur et les deux lycéens se laissèrent tenter, à tel point que lorsque ce fut l'heure d'y retourner, ils n'avaient pas fini de manger. La bouche pleine, ils purent à peine saluer leur professeur qui fut à la fois désespéré et amusé par leur comportement. Et qu'elle ne fut pas leur surprise en trouvant M.Lennix, tranquillement installé sur une chaise avec l'une de ses fantastiques lecture de prénoms masculins. Les deux élèves manquèrent de s'étouffer en le voyant. S'amusant un peu plus à les tourmenter, il leur fit un petit coucou avec un sourire diabolique. Décidément, les mots d'Antoine n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd.

-Installez-vous. Aujourd'hui nous avons la chance d'avoir la présence de M.Lennix à notre cours de TP. Même si c'est en demi-groupe, il n'avait rien à faire et a proposé de venir observer comment vous vous comportiez avec les autres professeurs.

Ce n'était pas comme s'il avait les capacités de le savoir, pensa Antoine.

-Au fait, aujourd'hui est un TP noté.

Les regards se tournèrent vers le professeur de malheur qui se contenta de leur sourire. Un jour, il finirait par vraiment les achever.

Captivant TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant