52 - Sauvés

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Qu'est-ce que j'ai ? Pourquoi j'ai si froid ? Leurs regards se décomposent. Qu'est-ce que je suis entrain de faire ? J'ai du mal à comprendre le mots qui sortent de ma bouche. Loin de la surface, j'ai l'impression que je me trouve dans un immense océan glacial. Mon souffle ne me revient pas. Mon corps est lourd et, je m'enfonce dans les ténèbres de ma conscience. Tout se passe si mal là haut, pourquoi vouloir y retourner ? Je frissonne sans arriver à me souvenir. D'un côté, c'est relaxant de savoir que ce n'est pas moi qui aie le contrôle. Je suis bien là, dans ce froid. Ce n'est pas l'endroit rêvé, mais, pour une fois que je ne suis pas aux commandes, je peux bien me détendre un peu non ?
Je tombe et je dérive, mon corps mou ne lutte plus. Il n'en a plus la force. Trop de choses sont arrivées, alors, il a décidé d'oublier et de se laisser guider. Plus mon corps s'enfonce et moins l'eau devient claire, je me sens aspirer par une force sombre qui ne me veut que du mal. Mais après tout, je ne connais pas cette force sombre, elle est peut-être gentille. Mon monde bouge soudainement. Le souffle me revient et, je sens l'eau m'étouffer. J'en ai les larmes aux yeux, un souvenir me frappe. Je ne dois pas mourir. Cette fois-ci, c'est moi qui bouge, non, c'est mon ventre. Je prends soudainement conscience de leur vie à eux. Je ne peux pas les tuer. Et Adrien, où est Adrien ? Il...Il s'est fait enlever ! Mes jambes et mes bras se débattent pour remonter à la surface. Je ne dois pas les laisser m'emporter, pas encore. 
Je sens pourtant un coup me percuter, et, les efforts que j'avais déployés pour remonter sont balayés. J'ai mal à la tête. Etrangement, à côté de moi, je vois du sang. Ma tête se tourne de tous les côtés pour en trouver l'origine. Un corps aussi froid que le mien dérive à mes côtés. Ses mains sont liées dans son dos, ses yeux sont fermés. C'est lui qui saigne. L'émotion me submerge, et, je nage vers lui. Mes mains se posent sur ses joues et j'observe la plaie qu'il a, sa pommette est rouge et c'est de là que vient le sang. Il est blessé, mais il est au moins en vie. J'essaie de l'appeler, mais, mes mots restent coincés dans ma gorge. L'eau est plus forte que moi et, c'est elle qui s'infiltre malicieusement dans ma bouche. Comprenant que je ne gagnerai pas cette fois, je passe mes bras autour de lui et pose ma tête sur son épaule. Je n'ai jamais été aussi heureux de le sentir. En ouvrant les yeux que j'avais fermés pour profiter de son contact, je tombe dans son regard foncé. Il semble stupéfait. Il essaie lui aussi de me parler mais n'y parvient pas, tout comme moi. Je redresse ma tête et me blottis contre lui. C'est tout ce dont j'ai besoin. Il le voudrait lui aussi, mais, ses mains sont entravées par des cordes. Etrangement, je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps avant d'être à nouveau séparés. J'ai peur de le laisser partir, qu'il retourne là où il était et qu'il me quitte pour l'éternité. Mon nez se frotte à sa joue, juste avant que mes lèvres ne s'y déposent. J'embrasse longuement son visage, sa peau, je profite de nos derniers instants. Mes mains se posent tendrement sur ses joues, et les yeux dans les  yeux, nos visages s'approchent, nos lèvres se frôlent, jusqu'à ce que, impatient, ce soit lui qui cède et fonde sur mes lèvres. Je profite de ce contact aérien qui, je le sais, s'effacera dès que nous nous reculerons. Sans pouvoir lutter, je sens son corps s'envoler. Il n'est plus à mes côtés, mais, je garde les yeux fermés. Mes bras se replient vers moi, ils savent qu'il ne reviendra pas, mais qu'il était là. Je vais le retrouver. Nous pourrons être ensemble, je le sais. Un souffle m'a guidé, il m'a communiqué l'endroit où il est retenu prisonnier. Sa voix, faible, s'est élevé dans ma tête. Le poids qui me pesait tant s'envole et, fluidement, je remonte à la surface apaisé.

Contrairement à ce que j'aurais pensé, ce n'est pas le paradis qui m'accueille, mais, l'enfer. J'ai du mal à comprendre ce que je fais et ce que je vois. Je sens une rage immense me posséder. Allan essaie de m'arrêter. Je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas ce qui se passe. Mais étrangement, j'ai la conviction que mes bébés sont en danger.

-Je vais les tuer !

Un cri perçant, il me conforte dans mon idée, et, voir un couteau être si près d'eux me terrifie.

-Repose ce couteau Antoine, tu ne sais pas ce que tu dis.

C'était vrai, mais pas pour cette personne qui me contrôlait. Je ne me reconnaissais pas, ce n'était pas moi, mais, j'avais l'impression que cette chose qui contrôlait mon corps essayait à nouveau de m'étouffer en me tirant vers cet océan glacé. Alors, je me débattais, je ne voulais pas y retourner, pas maintenant que je savais ça, et que j'avais les capacités pour l'arrêter. C'était à mon tour de jouer et de les sauver. Je faillis me laisser submerger lorsque j'ai vu le couteau s'approcher d'eux. Immédiatement, je tentais de reprendre le contrôle de mon corps, ce qui fit arrêter cette chose. Sa main s'était immobilisée, elle était beaucoup trop près. Je devais l'arrêter. A présent que je savais où était Adrien, il était hors de question qu'ils meurent. Ses grognements étouffés témoignaient de la combattivité que j'avais retrouvé, j'étais entrain de prendre le dessus.
Lorsque je retrouvai le contrôle de mon corps, j'eus à peine le temps de jeter le couteau au loin qu'il me balaya et s'élança vers celui-ci en grognant.

-Allan, criai-je du plus profond de moi, il devait m'aider, il en avait les capacités.

La chose attrapa à nouveau le couteau et, sous leurs yeux choqués, il était sur le point de prendre les deux petites vies que je m'étais efforcé à protéger. Ca ne pouvait pas arriver. Je ne le permettrai pas. Les larmes qui tombèrent dans l'eau, tombèrent aussi dans la réalité. Alors, dans un dernier sursaut de conscience, ma voix s'éleva, comme dernier espoir de les protéger.

-Allan, je t'en supplie, aide-moi.

L'instant d'après, il sembla enfin se réveiller. Le couteau vola loin de moi. Les yeux de la chose le fixèrent alors avec rage et tenta de se débattre. Je soupirai de soulagement, je savais que plus rien ne pourrait m'atteindre.

-Venez m'aider à l'immobiliser ! Je veux des cordes aussi, il faut lier ses bras et ses jambes. Je ne veux pas qu'il puisse bouger !

Il se débattit pourtant comme un diable et tenta jusqu'au dernier moment de mettre fin à leur vie. Avec des mots blessant, les encourageant à me lâcher. Mais ils ne le firent pas. J'étais bien entouré, heureusement. Je sentis peu à peu cette présence obscure qui me dominait s'estomper, sous la défaite. Je l'avais vaincu. Pour le moment néanmoins, car, la bataille n'était pas finie. Les mains et les pieds retenus, je me sentais apaisé. Allan me souleva et me porta jusqu'à ma chambre où, il me déposa sur mon lit. Il ne me couvrit pas dans l'immédiat.

-Il faut vérifier s'il a une marque. Son comportement n'était pas normal, je ne vois que ça.

Je gémis faiblement, retrouvant la totale possession de mon corps.

-Antoine, Antoine, c'est bien toi ?

Pour toute réponse, j'acquiesçai faiblement. J'avais beaucoup trop mal à la tête pour que ce soit normal. Ca me donnait le tournis et envie de vomir. J'essayai de poser la main sur mon ventre, mais mes mains étaient retenues par des cordes. J'ouvrai faiblement les yeux. Contrairement à la fraicheur de l'eau, mon corps était brûlant.

-Est-ce qu'ils vont bien ?
-Oui, tu les as sauvé.

Son sourire me rassura. Je les sentis bouger faiblement, mais, je n'arrivai pas à m'apaiser et à me dire qu'ils étaient bel et bien vivants.

-Est-ce que tu les sens bouger sous ta main ?

Il cligna des yeux, son regard dérivant vers mon ventre. Avec hésitation, il souleva mon haut, puis, après quelques secondes, posa à plat sa main sur mon ventre. Il sursauta sous les faibles secousses.

-Oui, oui, ils bougent beaucoup même.

Je laissai un sourire s'étendre sur mon visage. Mon corps se détendit complètement. Je manquai de sombrer dans le néant, mais Allan m'en ramena brusquement. Et c'est en rouvrant faiblement les yeux que ça me frappai et qu'alors, je me souvenais.

-Je sais où se trouve Adrien. 

Ma main se leva autant qu'elle le pouvait, et mon doigt pointa la maison sur laquelle ma fenêtre donnait.

-Il est là-bas et encore vivant. Mais je ne sais pas encore pour combien de temps.

Je sentis la fièvre m'étourdir et, sans ne plus lutter, je me laissai submerger.

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J'ai carrément oublié de poster alors que j'ai passée ma journée à écrire sur Wattpad. Comme quoi, vacances + covid + confinement ne font pas bon ménage !

Captivant TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant