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~Jihoon~

Lorsqu'une bande de furie pénétra la salle magique, la panique débordant des pupilles et des rides anxieuses sur la peau, je compris que c'est un vrai carnage qu'ils s'attendaient à découvrir. Sûrement pensaient-ils trouver une pièce aux étagères renversés, aux fauteuils éventrés et au pauvre piano brisé, ainsi que deux corps baignés de sang, dont l'un peut-être y ayant laissé la vie.
Voilà donc l'image que chacun avait de moi et Soonyoung, deux garçons qui s'entretueraient si on les laissait seul dans une pièce. Certes, on se disputait avec une facilité déconcertante, mais nous restions tout de même civilisé.

Je fus surpris de découvrir autant de personne se précipitant à notre rescousse, à savoir la totalité de notre groupe de ménage. Ça devenait donc une habitude de se retrouver tous ensemble ? Je ne saurais dire si cette optique m'amusait ou me désespérait. Cette joyeuse bande d'idiot débarqua en donnant l'impression de se préparer à une véritable tsunami, mais aucun n'eu le temps de clamer quoi que ce soit que je les stoppais d'un geste de main, avant de déposer un doigt sur mes lèvres. Leurs expressions stupéfaites me feraient presque rire, ils se tenaient en un tas informe devant le mur d'entrée et paraissait plus que surpris de découvrir une ambiance aussi paisible.

- Ne le réveillez pas, soufflais-je.

Leurs regards à tous se posèrent sur ce que je pointais, un Soonyoung complètement affalé sur le fauteuil qui faisait face au mien, le visage plongé dans son cahier grand ouvert. Durant les nombreuses heures enfermé ici, à savoir l'entièreté de l'après-midi jusqu'au début de soirée, nous avions travaillé sans relâche. Cela ajouté à nos disputes, l'explosion de sentiment qui avait fait office de conversation, il était complètement épuisé. Moi-même j'avais plusieurs fois sentit ma tête pencher vers l'avant, mais l'arrivé soudaine de nos camarades me tenait bien éveillé.

- Jihoon tu... Ça va ? Demanda Joshua.

De tous il semblait celui avec l'expression la plus abasourdie, ce qui me fit lever les yeux au ciel. Le voilà maintenant qui se montrait inquiet, au fil des jours on brisait petit à petit les limites qu'on avait forgé sur notre amitié. Ne pas trop se mêler de la vie de l'autre, ne pas se montrer trop sentimental et toute autre connerie de ce genre.
Je devais bien avouer qu'un sourire me gagnait à cette pensée, j'aimais tout de même constater différentes facettes de Joshua à travers notre relation qui s'approfondissait.

- Bien sur que ça va, à part que je suis terriblement fatigué, affamé, assoiffé et surtout très énervé.

Mon regard parcourait la foule à mesure que je m'exprimais, cherchant la silhouette d'un sorcier maigrelet qui se cachait lâchement derrière le corps plus robuste que Junhui. Un soupir me glissa des lèvres, la colère restait présente mais je n'avais aucune envie de la laisser jaillir maintenant, mes émotions avaient déjà été trop ébranlé, je voulais juste un bon repas puis une longue et reposante nuit de sommeil.

- On reparlera de ça Xu Minghao, je ne compte pas te laisser t'en sortir aussi facilement. Mais pas ce soir, une autre fois.

Je refermais le livre qui reposait sur mes genoux et m'étirais avec paresse puis, sous les regards que je devinais surpris, m'approchais de Soonyoung pour déplacer sa tête avec une douceur que nombreux devait juger d'improbable. J'ignorais au mieux leur attention sur moi pour prendre le cahier de mon camarade, passer mes yeux sur ses notes puis hocher la tête, nous avions effectivement bien optimiser notre temps et l'exposé se mettait déjà en place.

Mes yeux se détournèrent du cahier pour s'aligner au visage de Soonyoung, endormi d'une apparence si paisible qu'ainsi je lui trouvais une ressemblance avec l'ami de mon enfance. J'ignorais quoi penser et ressentir depuis notre discussion, nous l'avions coupé pour travailler, et ainsi laisser notre traité de paix s'établir.
Mais était-ce juste cela ? Une promesse de ne plus se haïr, de ne plus se disputer, de ne plus rejeter sur l'autre nos malheurs ? Mettions-nous ainsi fin à notre relation ? Après l'exposé, après la punition qui nous imposait de se retrouver dans la bibliothèque, allions-nous continuer à nous adresser la parole ? Dans un certain sens nous n'aurons pas le choix, nos parents restaient proche et nous passions la majorité des grandes fêtes ensemble, nous ne pourrions jamais vivre comme si l'autre n'existait pas.

~ An Ode ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant