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~Seungcheol~

S'il y avait bien une chose que j'avais retenu après six années d'étude à Poudlard, c'est que ma vie, mon destin, mon avenir et tout ce qui englobait ma personne, appartenaient à Yoon Jeonghan.
Depuis le jour où il s'était assit dans la même cabine de train que moi, où nous avions été envoyé dans la même maison, la même chambre, il avait érigé une prison autour de moi. Être Serpentard lui allait bien, il était un véritable serpent envoûtant qui s'enroulait peu à peu autour de sa proie et le piégeait à jamais.
Du matin au soir, du soir au matin, sa silhouette s'integrait à mon champ de vision, son corps frollait ou collait le mien, ses paroles se glissaient doucement dans mon esprit pour s'y loger sans fin, et sa présence marquait la mienne au point que son absence causait le manque.

Nous n'avions pas besoin de discuter pour définir notre relation, nous n'avions pas besoin de nous embrasser pour que notre monde change, nous n'avions pas besoin d'officialiser quoi que ce soit ou d'obtenir une étiquette pour que les choses soient clair entre nous. Les autres murmuraient leurs questions à notre propos, mais si on me demandait directement ce que Jeonghan était pour moi je n'aurais aucune réponse à fournir.

Pour moi, Jeonghan est Jeonghan.

Il est cette présence sans laquelle je ressens le manque.

Il est la présence complémentaire à la mienne, la silhouette toujours présente dans mon champ de vision, l'être auprès duquel je me voyais grandir, vieillir, mourir.

Nous étions nous, tout simplement. Ni des amis, ni des meilleurs-amis, ni un couple comme les autres. Lorsque nous employons ces termes ça ne semblait pas naturel, ça ressemblait à une blague, où à des mots cherchant à définir l'indefinissable.

Mais à cet instant, cet instant précis, si on me demandait ce que Jeonghan representait pour moi la réponse me paraîtrait plus limpide que jamais:

Il était l'idiot pour lequel je m'apprêtais à mourir.

- Voldemort peut lire les esprits, toi et moi sommes les seuls suffisamment doué pour seller nos pensées. On doit rester calme et garder le contrôle, dès qu'il percevra une pointe de mensonge tout sera terminé.

Les paroles murmurées de Jeonghan me parvenaient à peine, je les entendais sans les saisir, sans parvenir à m'ancrer à sa voix. Mon regard tentait de se figer sur son visage, sur ses traits se voulant rassurant, mais qui masquaient bien mal son angoisse.
C'est son idée qui nous avait mené là, son stupide plan. Il allait risquer sa vie, et la mienne, pour quelques minutes de répit.

Quelques minutes, c'était rien, notre sacrifice semblait vain. Mais en temps de guerre ça pouvait tout changer. Dehors j'entendais déjà les Mangemorts qui avançaient, prêt à pénétrer l'école de nouveau, prêt à venir trouver les survivants et les achever sans forme de pitié. Nous n'étions pas assez nombreux, pas assez fort, ils nous extermineraient. Engager le combat à si petit effectif signifiait mourir, voilà pourquoi Jeonghan avait émit un plan qui retarderait ce moment:

Discuter.

Ou plutôt, bluffer.

Bluffer jusqu'à l'arrivé des renforts. Le Ministère de la magie aussi avait subit une attaque aujourd'hui, moins importante que la nôtre mais suffisante pour les empêcher de venir rapidement. Mais madame Lee nous avait assuré qu'ils arrivaient d'une minute à l'autre.

Il fallait gagner du temps, un tout petit peu plus de temps, pour protéger ce qu'il restait de notre école.

Pour empêcher de nouvelles victimes.

J'observa Jeonghan, qui fixait les grandes portes d'entrées avec un mélange de peur et de détermination sur le visage. Nous étions seul dans le hall, en bas du grand escalier que tout les élèves empruntaient lorsqu'ils arrivaient à l'école à chaque rentré. Derrière ces portes, dans la cour du château, des centaines d'ennemis s'avançaient. Il ne restaient que quelques secondes.

~ An Ode ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant