Ma vie, et toi...

Chapitre 24

Axel

Ça me gonfle de devoir laisser Samantha pour être dans cette voiture avec Jack. Je n'étais pas censé travailler avant vingt-deux heures et pourtant, je suis dans sa voiture à compter les maisons qui passent.

-Le plan a changé ?

-Ouais. Dit-il durement.

-Je ne vends plus pour ce soir ?

-Tu vends, mais tu as une charge de travail en plus.

Je grogne lorsque je remarque que Jack roule en direction du club à striptease de Dimitri.

-Tu te fous de moi ? Qu'est-ce qu'on fout là ?

Jack se gare, la conduite un peu trop agressive. Je connais bien cet endroit. J'ai bossé pour Dimitri fut un temps. J'étais videur dans ce foutu club. J'étais payé à surveiller des filles qui se trémoussaient. Le job idéal pour certains, mais ça me répugnait. L'envers du décor est affolant. Ça m'en donne des frissons.

Jack souffle lourdement en éteignant le moteur.

-Dimitri accepte de te filer du fric si tu bosses cette nuit. Son videur a eu un accident avec le mari d'une danseuse.

-Non. Dis-je en secouant la tête. Hors de question. On avait dit plus les filles.

Jack semble me comprendre. Il baisse les yeux sur son jean délavé. J'ai le coeur qui bat à cent à l'heure. Les premiers jours, je me plaisais bien. Je regardais les filles danser, j'avais la consommation gratuite et je n'avais rien à faire à part surveiller. Quand j'ai compris que certaines filles étaient forcées, que d'autre étaient mineures et leurs papiers étaient trafiqué ou encore que d'autres étaient totalement à la ramasse et se prostituaient pour les clients, j'ai lâché. Je me suis pris la tête avec Dimitri, ce qui m'avait valu un bras cassé et une descente aux enfers. J'ai bossé pour lui un an et j'avais tout juste dix-huit ans. Cette expérience m'a traumatisé, marquée à vie. Ces femmes sont utilisées et manipulées par ce type et me sentir impuissant était la pire des sensations.

-Ce n'est qu'une nuit.

-Je refuse.

Je tape sur le tableau de bord, la sueur sur le front.

-Certaines sont mineures, putain ! D'autres sont forcés et se prostituent. Hors de question que je fasse ça.

-Je sais que je te demande de fermer les yeux sur ça, mais tu n'as pas le choix. C'est le commerce de Dimitri et ce monde en possède des tas.

-C'est au-delà de mes forces, Jack..

Quelqu'un tape à la vitre. C'est Dimitri. Sa carrure imposante et flippante s'étend sur le parking. J'ouvre la portière en prenant une grande bouffée d'air.

-Mon petit Axel. C'est fou, depuis notre dernière discussion, j'ai pas mal réfléchi. Le temps où tu travaillais ici me manque. Tu me ramenais plein de petites nanas, ça prospérait dans ce club et les filles t'adoraient.

Je ravale difficilement ma salive. Mon ventre se contracte nerveusement, car je sais le salaud que j'ai été en proposant à certaines filles de se lancer dans le club. Dimitri me proposait de belles sommes pour trouver des nanas. C'était simple de les ramener ici. Un verre, un sourire, une blague, un contact et c'était dans la poche. Elles se ramenaient au club et le chiffre grimpait. Plus il y avait de fille et plus je m'en mettais plein les poches.
J'aimerais sortir ce passé de ma tête, mais j'en suis incapable.

-Je ne ramène plus personne.

C'est tout ce que j'ai su dire. Son sourire malsain s'affiche sur sa face légèrement ridée.