Ma vie, et toi...

Chapitre 18

Axel

Elle est venue. Moulée dans son petit cycliste de sport et sa brassière, elle s'approche, les bras croisés contre sa poitrine. J'ai préféré nous laisser deux jours pour réfléchir. Je n'avais pas la tête à essayer d'arranger les choses avec mes problèmes de sou.

-Salut. Dit-elle doucement, le regard abaissé sur ces baskets de sport.

Elle semble distance, mais comment la blâmer. Il m'a fallu deux jours pour sortir de mon état second. À chaque fois que je joue aussi intensément et que je perds autant de fric, il me faut du temps pour réaliser à quel point j'ai été con et dépendant. Je déglutis en me grattant la nuque.

-Comment vas-tu ?

-Ça va. Affirme-t-elle sans affronter mon regard.

Son visage est naturel et bronzé. Elle n'a mis aucun artifice. Seulement sa beauté naturelle.

La chaleur est étouffante en cette matinée d'été. Nous commençons à marcher lentement sans dire un mot. Après quelques pas, je brise la glace.

-Je suis désolé. Soufflais-je. Je sais que j'ai merdé et je n'ai pas d'excuse.

Ces pas s'arrêtent. Elle me dévisage enfin, plongeant dans mes yeux bleus. Ses bras étant toujours croisés, elle durcit son regard.

-Je ne sais pas quoi te dire. J'ai été..

-Déçus ?

Je hausse les épaules en mettant mes mains dans les poches de mon short de sport.

-Samantha. Je ne sais pas quelle illusion tu nourrissais de moi, mais je n'ai rien du mec parfait. J'aime jouer et ça me porte préjudice.

C'est dit. Merde. C'est enfin dit. Je ne l'ai jamais avoué à aucune fille. Mon estomac se tord. J'aurai dû manger ce matin.

Ses grands yeux transparents me dévisagent.

-Plein de gens aiment jouer, mais toi, c'était différent. C'est comme si je n'étais pas là. C'est comme si tu ne voyais pas ce qui se passait autour de toi..

Elle relâche ses bras pour les laisser tomber sur ses hanches. Elle a très bien analysé la situation. Quand je joue, je ne fais plus attention à rien. Je suis dans ma bulle à la rechercher de satisfaction et d'excitation. Plus rien n'a de sens. Mon envie et ma dépendance sont trop puissantes.

Je me gratte nerveusement le haut du crâne. Je commence déjà à suer avant même d'avoir commencé mon échauffement.

-C'est bien ce que je te dis, je suis loin d'être parfait et je comprendrais que tu veuilles tout arrêter.

Je continue de marcher pour ne pas avoir à lire le jugement dans ses yeux. Pourquoi ça m'effraie autant de montrer tout ce qui ne vas pas chez moi ? Alice ne l'a jamais su, mais mon ex était un peu naïve concernant ma vie. Elle croyait à tout sans se poser de question. Ou peut-être, ne m'aimait-t-elle pas autant pour se soucier de ma vie. Peut importe. J'inspire profondément, mais Samantha me suit de près en attrapant mon t-shirt.

-Tu es con ? Je ne veux pas te quitter. Grogne-t-elle.

Les yeux plissés et les sourcils froncés, elle me gronde en poursuivant.

-Ça m'a blessé et j'ai été déçu, c'est vrai, mais je suis prête à rencontrer le vrai Axel. Celui en face de moi, pas celui de mes rêves.

J'affiche un rictus nerveux, les pieds plantés dans le béton de la rue.

-Tu ne sais pas ce que tu dis.

-Tu es un meurtrier ?

-Bordel, non.