Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)

Chapitre 11 : L'Enfer et le NEANT (époque : 2022)

En l'absence de photographies, Akira Doryoma fut d'abord déçu par les documents de sa victime. Rien qui puisse servir de trophée... heureusement qu'il prit le temps de découper des organes.

Toutefois, la nuit fut instructive. Pendant les heures qui suivirent le crime, Akira Doryoma ne parvînt pas à trouver le sommeil. Les mots de sa dernière victime résonnèrent en lui comme les cloches d'une cathédrale. Comme si tout son édifice était sur le point de s'effondrer. Sa forteresse narcissique, son antre personnel, tout n'était que mensonge et facticité.

En cherchant, il comprit. Le voici lire les documents collectés par la femme. Celle-ci avait raison, il n'y a pas d'issue. La famille en question existe bien. Et lui, Akira Doryoma, tueur visionnaire, est un membre non consulté du projet.

Dire que tout était prévu depuis si longtemps. Dire que la vérité était si simple, si proche que personne ne put la voir. Cette vérité, cachée dans l'angle mort de l'humanité, est pourtant trop dense à observer.

La lecture du document le plonge dans un état de folie jamais atteint, des visions diurnes, au fin fond de la folie se dissimule une vérité :

« La pétasse voyait clair ! là où je ne pensais que sexe, drogues et argent. Elle savait pour les désirs humains, à la fois pour ses origines et pour ses directions ! »

La folie l'emporte plus que de raison. Avec son couteau, il se grave, à vif sur le torse, ces mots qui dessinent une croix déformée. Il hurle :

- Dans le sang nous naissons, dans le sang je te grave, dans le sang nous mourrons !

Drogué, ivre, délirant, il marche dans la rue à la manière d'un reptile. Il rampe sous la pluie. Il sort son couteau et tranche une gorge en public, une deuxième, une troisième...

Malgré la présence de la police dans la rue voisine afin de sécuriser les lieux, prévenue de l'action à tout moment par les services d'intervention devant le suspect des crimes en série, il faut attendre ce troisième meurtre pour que les policiers tentent de le maitriser.

Face à l'homme couvert de sang, une longue lame dans la main, les yeux convulsés, les trois policiers sont pétrifiés. Pourtant Jerry Howes, responsable de ses deux jeunes collègues, en a vu d'autres.

- Je suis Kos Minski, j'ai vu l'éventreur fuir, j'ai tenté de lui échapper il m'a blessé ! crie A. Doryoma.

Du haut de ses mètres, J. Howes lui fait face. Il se positionne devant ses deux collègues afin de les protéger. Les trois policiers l'ont vu exécuter la dernière victime. J. Howes sait que cela signifie qu'aucune issue n'est envisageable. Ni pour lui, ni pour eux. Sur la demande de l'officier expérimenté, ils sortent leurs armes en prévenant le suspect de son arrestation.

Tandis que J. Howes appelle les renforts en urgence, A. Doryoma lui lance sa lame dans la poitrine. Jerry Howes, sous le choc, n'a d'abord aucune réaction.

Puis, devant les giclées de sang qui s'échappent de son torse pour s'écouler sur la lame qui reflète son regard perdu, il se demande comment il en est arrivé là et s'il reverra sa fille ce soir. A chaque goutte qui tombe au sol il pense à femme et aux années passées et futures perdues.

Il gémit de douleurs. Non comme dans un de ces scénarios hollywoodiens absurdes, mais comme un Anglais de standing sait le faire : avec retenue. Même devant la monstruosité, la souffrance et la mort, la vertu s'évalue dans l'adversité lui répétait son ami de toujours Christian Naghten.

A quelques pas de J. Howes, des images reviennent à A. Doryoma. Toujours les mêmes, ces officiers, leurs regards, leurs mots, la douleur. L'expatrié asiatique se venge avec sa lame. Les deux femmes policières sont surprises par la rapidité de l'action et abasourdies par sa violence insensée.

J. Howes tremble mécaniquement au sol, le métal de part et d'autre à travers son corps. L'homme est seul face à trois agents de police armés, dans quel monde possible lancerait-il une lame plutôt que se rendre, s'enfuir ou négocier ?

Avant la réaction des deux policières, A. Doryoma se met à genoux, mains derrière la tête et indique se rendre. La scène paraît surréaliste.