Mes mots, mon élégie.

Déchéance

Quel est donc ce mot aux allures de noblesse...avec un soupçon de majesté...
Ce mot qui crie au conformisme et à la parure. Ce mot qui revêt ses plus beaux atours de prétention, comme si tout le monde reconnaissait sa valeur et lui en savait gré...mais que,systématiquement,tout le monde rejetait. Un peu comme si on ne lui accordait quelque attention que lorsqu'il fallait le montrer. Et une fois le soleil couché,on s'empressait de le couvrir derrière des rideaux.
Ce mot qui ne sied que lorsqu'il faille montrer un semblant de respect...lorsqu'on a jouit de toute sa noblesse et qu'il convient à présent de se débarrasser pour faire de la place.
Lorsqu'on feint la perte de ce qui nous était cher et qu'on désirait le montrer au monde pour la forme,juste histoire de quelque convenance...
Attribuer ainsi autant de beauté à ce mot qui crie à l'abandon...ce mot qui ne signifie juste qu'une fois montré,une fois qu'on s'en est servi pour parure;on peut ainsi,la mémoire tranquille,feindre une affliction outragée et quelques larmes de connivence.
Ce mot qui reflète une noblesse autrefois glorieuse...du moins,était-ce ce que le monde devait voir;et qui, maintenant,est synonyme de délaissement.
Ce mot qui porte tant d'émotions en lui...ce mot qui crie à la solitude...ce mot qui ne veut juste pas être oublié...
Ce mot qui réclame quelque attention...
Ce mot qui ne peut que taire sa voix au plus profond...
Parce qu'il faut montrer la fierté et la prestance...parce qu'il faut que le monde voie que même si l'on s'en va,on sait rester  digne...parce que même si l'on cesse de paraître, c'est avec beaucoup de solennité qu'on s'en va...

Parce qu'après tout,une fois qu'on a fini de porter la couronne,une fois que le monde a décidé qu'il ne voulais plus nous voir,une fois que la lumière s'éteint sur nous,il est de notre devoir de nous retirer,il est de notre devoir de tomber en déchéance.