Mes mots, mon élégie.

Juste toi

Je suis comme toi, ne t'en fais pas, tu n'es pas seul.
Moi aussi la nuit j'ai le cœur qui se sert quand je vais me coucher.
Quoi que je fasse j'ai envie de hurler et de dire que j'existe.
J'ai envie de hurler et de dire que tout s'arrête.
J'ai envie de me prendre dans mes bras et de me dire "tiens bon, la nuit est bientôt finie."

Tu sais, ces nuits que tu passes tout crispé et la boule au ventre.
Tu sais, ces nuits desquelles tu te réveilles avec les marques des ces larmes qui ont coulé dans ton sommeil.
Car oui, tu as pleuré, dans ton sommeil. Et c'est seulement dans tes rêves que tu es libre de pleurer l'abondance de tes maux.

Tu n'es pas seul tu sais, je suis comme toi moi aussi.
j'ai appris à fermer les yeux et à m'oublier.
J'ai appris à fuir mon regard, et à ne pas me croiser.
Encore aujourd'hui je ne me regarde pas, parce que j'ai peur de me revoir. De revoir ces larmes d'impuissance qui ont coulé. Ces larmes qui ont marqué même mes rêves les plus secrets.

Tu n'es pas seul tu sais, je suis comme toi moi aussi.
Ce monde me fait horriblement peur. Tant de choses discordantes, tant de faux semblants, tant de haine et de noirceur.
Ce monde triste qui nous transforme en bourreau et spectateur de notre propre exécution et de l'exécution des autres.
Ce monde qui nous ment, et nous enferme dans l'égocentrisme de nos émotions.
Car nous ne sommes sensibles qu'à nos propres émotions. Nous ne sommes sensibles qu'à ces émotions qui nous rappellent nos propres démons.
Car si je diffère de toi, alors je suis l'abomination.

Au-delà de leurs regards, au-delà de leurs  mots.
Au-delà de tes démons, et bien au-delà de tes maux.

J'aimerai te dire que c'est juste toi.
J'aimerai te dire de prendre courage et de te fortifier.
J'aimerai te dire que demain sera meilleur.
j'aimerai te dire:
Il n'est pas question d'artifices,
c'est juste toi, juste des maux, juste tes mots.

J'aimerai te dire ces mots, avant que je ne sombre. J'aimerai te dire que c'est juste toi, toi et toi seul.