Mes mots, mon élégie.

De silence en silence audible

J'ai horreur de ces âmes insouciantes. De ses âmes nonchalantes qui se moquent bien de savoir combien leurs mots peuvent blesser. Ne doit-on pas s'enquérir d'un cœur sincère avant d'oser dire?
Ne doit-on pas entendre avant de répondre? Pourquoi donc nul ne se préoccupe de ce que je dis ?

J'ai beau leur dire ô combien je suis fragile, nul ne sait être délicat.
J'ai beau leur dire ô combien j'ai besoin de douceur, mais leurs mots sont si rêches.
J'ai beau leur dire ô combien j'aimerais qu'on me laisse tranquille, mais ils veulent à tout pris me faire vivre leurs rêves.

Ma voix ne compte t-elle donc pas?
Suis-je donc celui qui est beaucoup trop sensible et qui prends toujours tout à cœur ?
Suis-je donc celui qui ne sais se poser et apprécier une plaisanterie ?
Comment puis-je donc apprécier quoi que ce soit si ces foutues plaisanteries n'interviennent que lorsque j'ai le cœur à mal?
Pourquoi donc vous acharnez-vous sur moi, car jamais je ne puis vous répondre puisque je n'ai point de voix.

Puisque ma voix n'existe pas pour bousculer les convenances.
Puisque ma voix ne se plaît point à heurter à outrance l'âme d'autrui.
Puisque ma voix ne s'élève pas pour crier ma vérité outrageusement en bravant les battements de la tendresse d'autrui.
Puisque ma voix n'est pas de celles qui s'encanaillent à bousculer la paix d'autrui.

Tu as beau être Soleil, tu ne sais modérer tes rayons.
Tu as beau être lumière, tu ne sais quand éclairer.
Tu as beau être éclatant, tu ne sais comment diffuser ta lumière.
Tu as beau être incandescent, tu ignores que tu peux tout aussi bien brûler.

Voilà pourquoi je te parle toujours à mi-voix. Voilà pourquoi mes mots se refusent à sortir quand bien-même je le voudrais.
Voilà pourquoi ma voix se fait lointaine même quand tu es le plus près.
Voilà pourquoi tu es un Soleil, et pas le mien.

Voilà pourquoi tu ne comprends rien de mes silences.
Quand bien-même j'eus cru que pour toi ils furent audibles.