Mes mots, mon élégie.

Le joug de l'oubli

Plus mon cœur bât et plus le vide se fait ressentir. À chaque respiration, à chaque battement il se fait plus grand. Ce gouffre qui n'a de cesse d'engloutir tout mon bonheur. Il se fait si glouton qu'il réclame même mon Soleil. Mais il n'y a plus que les ténèbres, alors comment saisir la lumière ?

La nuit souffle, les ténèbres bruissent et les émotions claquent. Une fois de plus le temps s'adonne à son habituel caprice : faire trembler le ciel.

Si à chaque battement mon ciel vacille,
Si à chaque mot il se couvre de plaintes,
Si à chaque regard il s'embrume de ténèbres,
Si à chaque murmure il se crispe sous la voûte céleste, alors que restera-t-il ?
Quel est donc ce ciel brisé dont les éclats n'ont de cesse de déchirer tout ce qui reste en dessous?
Quel est donc ce ciel aux reflets si changeants qu'on ne saurait le peindre?
Quel est donc ce ciel qui se croit si fort qu'il pense ne plus avoir besoin d'être porté par l'horizon ?

Mais jusqu'à quand subirais-je le poids affligeant de ce ciel aux mille éclats!?
Aujourd'hui, demain, hier... Si demain est comme aujourd'hui alors hier le sera aussi, et si hier est comme après, alors pourquoi tenter de voir demain de plus près? Cela ne servirait plus à rien puisque au final les jours ne seraient plus que de longues heures étendues dont nous n'attendrions plus que la chute aux heures sombres pour revivre continuellement les mêmes turpitudes. À perpétuité.
Et nous sombrerions alors dans ce sommeil d'insomniaques. Le genre de sommeil duquel on ne pourrait plus jamais espérer se réveiller, puisque ce ne serait pas un rêve mais la réalité. Alors nos âmes faneraient imperceptiblement au gré des saisons. Nos cœurs oubliant tout de ce qu'était la vertu, puisqu'il n'y aurait plus aucune trace de tendresse, de sincérité et de majesté. Puisqu'aux heures sombres nous serions tous captifs du joug de l'oubli. À toujours.