J'ai peur

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Le souffle coupé, je la sent revenir. La douloureuse réalité me rattrape, et ma solitude me revient en mémoire.
Comment est-ce possible d'avoir en son cœur tant d'amour à donner mais aucune personne à aimer?

Dans le silence, j'entends ces échos. Ces rires lointains qui me narguent:<< Toi? aimer ? Tss, cesse de dire des bêtises. Tu ne sais pas de quoi tu parles !>>

Et alors j'ai mon cœur qui s'emballe, la respiration saccadée, et ma vue qui se brouille. Et je m'éteins.
La boule au ventre, j'ai peur que ce soit vrai. Que tout soit vrai. Que je ne sois qu'une espèce d'idiot qui rêve d'illusions et qui chante des chimères.
J'ai peur d'avoir à finir mes jours seul, en compagnie de personne.
J'ai peur de ne trouver personne lorsque je tournerais la tête au réveil.
J'ai peur de ne jamais sentir aucune étreinte me réchauffer.
Et de finalement dépérir à l'ombre. Là où nul ne prend jamais la peine de regarder.

À l'image de Pandore, j'aimerais ouvrir la boîte de mon cœur. La boîte des mots secrets et libérer les silences enfuis.
Libérer l'abondance de l'amour qui sommeille en moi.
Libérer les mots profonds de mon âme débordante.
J'aimerai me regarder et me prendre dans mes bras. Puis me rendre compte que ce ne sont pas les miens mais plutôt les tiens.
Oui, parce qu'alors je ne serai plus seul. Parce que tu ne seras plus où tu es et moi non plus.
Oui! Parce que tu seras partout où je suis. Et nous nous enlacerons cœur à cœur.
Parce que j'aurai appris à exister à deux.

Mais au fond, derrière l'espoir se cache la vérité. Elle est là, bien qu'on ne la vois pas toujours, mais elle existe. Irrémédiablement.
La vérité, c'est que même quand je pense être le plus relâché, je me retiens quand-même. Un peu comme si j'avais peur d'être fatalement frappé par la réalité. Comme si je craignais de libérer toute la tristesse enfuie en moi et de finir totalement vide. Comme ces mots que j'utilise.
La vérité c'est que ces mots ne seront jamais suffisants. Et ce vide ne sera peut-être jamais comblé.
Il est si immense, si glouton.
Il englouti tout, tout y passe, même l'espoir.
Il dérobe les instants de joie et viens tordre les mots secrets de mon cœur.

Et soudain, tout disparaît. Alors je prends conscience qu'il n'y a personne et qu'il n'y a pas de lumière.
Et moi, seul dans le noir, face à moi-même, j'ai peur.

Mes mots, mon élégie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant