...<<Reine égoïste ! pourquoi as-tu dérobé le Joyau de la nuit ? Reine insouciante ! Ton avidité te pousse à dérober le bien commun ! Reine odieuse ! Qu'as-tu donc fait du Joyau de la nuit ? Rends-le nous ! >>
Les voix tumultueuses perpétraient les accusations à l'encontre de la reine des Saisons, la traitant de tous les noms.
Elle regardait autour d'elle, cherchant désespérément un visage à qui s'adresser.
_Mais je ne puis le faire! Criait-elle, Il me faut le garder ! ...C'est ... C'est important ! ...C'est pour ma mission ! Je vous assure, j'en ai réellement besoin ! Je vous en prie retirez-donc vos ténèbres et laissez-moi passer !<<Te laisser passer dis-tu ? Ne sais-tu donc pas où tu te trouves ? Ne sais-tu donc pas quel acte horrible tu viens de poser ? Tes actes égoïstes te poussent à dérober le bien commun pour satisfaire ta fantaisie. Reine odieuse ! Que la tourmente te garde dans tes ténèbres ! >>
_Je vous en supplie ! Il me faut repartir ! Je dois... le jeune garçon... il a besoin de moi ! Je dois lui porter secours...
La reine des Saisons avait ses mains posées contre son cœur, elle tenait dans le creux de ses mains l'objet de sa convoitise, le sens même de sa mission.
Après cet effort éperdu, il était évidemment hors de question pour elle de laisser ce pourquoi elle avait tant bataillé. Sa résolution était toute trouvée dans sa tête: elle ne pouvait repartir sans le Joyau.
L'impétueuse tempête n'avait de cesse de la bousculer. Elle louvoyait incessamment au gré du tumulte. Le froid de la nuit se faisait toujours plus pressant alors que ses certitudes commençaient à vaciller. Plus elle avançait, et plus les scintillements du Joyau de la nuit devenaient ténèbres. Se dispersant sur son passage tel sable au vent.
Le fin voile qu'elle portait se mouvait au rythme de la tempête endiablée alors qu'elle traînait derrière elle quelque chose d'encore plus effrayant.
Sentant ses mains geler et ses jambes flageoler. La reine des Saisons prit peur. Son cœur s'alarmait, sa respiration lui brûlait les poumons, et sa voix lui murmurait :<<Que suis-je donc en train de faire ? >>
C'est alors qu'elle tenta un regard en arrière... ce fut l'effroi...
Elle se retourna brusquement, et dans sa stupeur elle lâcha le joyau qui tomba à ses pieds. Entaché de ténèbres.
Là, devant elle, se dressait L'immense Obscur.
C'était la matérialisation surréaliste de ses peurs les plus sombres. De ses faiblesses les plus profondes. De ses silences les plus éloquents. C'était l'expression antithétique de toute la lumière qu'elle croyait porter au creux de ses mains au travers du Joyau de la nuit.
Alors que les ombres s'allongaient davantage autour d'elle, elle cherchait désespérément d'où cela pouvait bien venir. C'est alors qu'elle comprit. Son regard se marqua de terreur. La main sur le cœur, elle se refusait de comprendre. Comment elle qui croyait profondément bien faire s'était autant retrouvée loin du compte ? Comment son hardie volonté s'était autant égarée de la saine vérité ? Pourquoi se sentait-elle soudainement si frappée par la désillusion que son cœur gela à pierre fendre ?
Son regard tiquait, frappée par l'incompréhension. Son souffle saccadé reflétait la nervosité de sa respiration et ses jambes flageolantes se dérobèrent. Elle était à terre...
_non... non... c'est pour lui que je l'ai fait. Le... le jeune garçon... il... il a besoin de moi... le Joyau... je dois lui apporter le joyau...
Affolée, elle n'avait de cesse de regarder autour d'elle. Les ombres dansaient en ronde à lui en faire perdre la raison. Jamais elle n'aurait cru que la chevelure couleur ténèbre dont elle était si fière s'avérerait être L'immense Obscur. C'était invraisemblable.<<Pourquoi maintenant ? Qu'ai-je fait de travers?>>
Si en ce temps sombre elle se rendait compte que ses efforts désespérés n'étaient qu'hérésie, alors toutes ses certitudes s'effondraient de suite, puisque infondées.
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Mes mots, mon élégie.
Short StoryParce que ce ne sont que des mots. Ces mots qui font bien plus mal parce qu'ils ne sont jamais réellement exprimés. _À ma sensibilité_