Les âmes mal-nées

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Le pessimisme...
Je pourrais te dire à quoi bon nettoyer la saleté d'aujourd'hui si c'est pour faire de la place à celle de demain? à quoi bon vivre puisqu'on finira par mourrir ? Et que si l'humanité a commencé un jour, alors elle aura forcément une fin, donc à quoi sert-il de faire des efforts pour l'améliorer?

Mais non, ce n'est pas parce qu'on craint le futur qu'on doit s'empêcher de vivre. Non!

Les âmes opprimées n'ont-elle donc pas de valeur ? Sont-elles condamnées à mourrir dans leur fort intérieur ? Leur cœur ne bât-il pas au rythme de la vie?

Le paradoxe de celui qui souffre, c'est qu'il s'obstine dans sa souffrance par peur de déranger.
Dans sa souffrance, il pense à l'autre, il pense à demain. Il ne veut pas recevoir plus de haine, il ne veut pas souffrir davantage, alors il s'efface. Il s'enfonce dans l'abîme du silence, et se contraint en lui-même.

La douleur interne qui nous hurle de tout arrêter, ça oui, on se dit qu'on peut bien la contenir au dedans de nous. Après tout, nous avons le cœur habitué.
Puisqu'il n'est plus bon qu'a ça.
Puisqu'on lui a vite fait comprendre que sa façon d'aimer n'était pas la bonne et qu'il fallait donc assumer les conséquences en gardant silence.
Qu'il n'avait nul autre choix que de taire sa voix, et de devenir spectateur de sa propre exécution.

Mais la haine que l'on reçoit de l'autre, elle est unanime. Elle surpasse tout,  elle détruit tout sur son passage. Et ne laisse plus que l'âme abandonnée au silence.

Ces bourreaux se jugent parfaits, alors ils se trouvent dignes de se faire  juges des autres.
Cette haine qu'ils nous crient et qui nous hurle notre infamie de tout son soul, du plus profond de sa noirceur et de sa voix la plus tonitruante.
Cette haine nous tombe dessus tel le déluge.
Et notre âme s'en retrouve submergée, moyée, désespérément.
Car c'est dans cet infini mutisme que nous mourons réellement en nous-mêmes.

Nous mourons éperdument de ne nous être jamais aimé passionnément, de ne nous être jamais retrouvé dans cet amour éperdu où tout notre être s'est perdu.
Et d'avoir écouté la haine en eux et ainsi fait taire la vie en nous.

Sans doute, mes mots sont vains.
Et Sans doute, je me leurre, moi, le cœur à l'âme abandonnée.
Puisque nous ne savons pas aimer comme il faut, nous les âmes mal-nées.

Mes mots, mon élégie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant