Mes mots, mon élégie.

🌟Seuls, les âmes lourdes, les cœurs sourds et les regards fous

<<Au sommet de la nuit, nul ne reste inchangé.
Seuls les âmes lourdes, les cœurs sourds et les regards fous demeurent à toujours prisonniers de leurs ténèbres.>>

La reine qui avait l'âme lourde de tout ce qu'elle pensait devoir porter sur elle. Le jeune garçon au cœur devenu sourd aux émotions trop vives. Et le garçon Soleil au regard fous en perpétuelle recherche de sa liberté.

Au sommet de la nuit, il était fort aisé de se perdre.
Dès lors que l'on était seul, que l'on avait l'âme lourde, le cœur sourd et le regard fou.
Dès lors que l'on ne savait plus trouver au dedans de soi le joyau étincelant qui défait les ténèbres.
Dès lors que l'on oubliait que les battements de notre cœur pouvait nous porter bien au-delà des cieux.
Dès lors que l'on oubliait que l'obstination de notre vision pouvait nous éloigner de ceux que l'on aime.

Ainsi se traçait le décor de ce crépuscule de l'incertain. L'heure de toutes les tourmentes.
Ce moment fatidique où la raison s'effondre  sur elle-même, où les remparts de notre conscience ne savent plus nous protéger de nous-mêmes et où l'on se rend compte que l'obstination de notre volonté n'était qu'illusion.

*********

_J'ai si mal mais tu ne sens pas ma peine! Toi qui, pourtant, portais le sens de mes espoirs avec tant de bravoure.
J'ai si froid dans cette solitude qui m'affaiblis. Je tenais tant à toi, mais tu n'as pas su me retenir.
J'ai dû batailler contre ces ombres avec tant d'acharnement. J'ai usé de toute la volonté que j'avais acquise en te côtoyant. Je t'avoue avoir tenu bon du mieux que je pouvais, j'ai tant souhaité y arriver... mais au final, rien n'y fit... et c'est dans ces mêmes ombres que j'ai sombré.
En cette terre d'exilés, je ne suis pas seul, je suis juste avec personne. Il y a tant de silence autour de moi que leurs regards me rendent si heureux. Ma peine s'étend sur les montagnes et les plateaux, de tout son long sur ce vaste territoire. Et de là me parvient le doux son de ma mélancolie.
En somme tout est beau dans ce monde parfait, et tout va pour le mieux. Telle une utopie, ma solitude est omniprésente et se meut sur toute chose.

Tu vois, je vais bien j'te l'avais dit.
Depuis que tu es parti il y a tous cet isolement qui me tient compagnie, il est tellement bavard qu'avec lui je ne dis jamais rien.
Et mes journées ? je suis toujours accompagné, de jour comme de nuit solitude ne daigne pas me laisser, elle s'accroche tant à moi.
Et le soir? c'est tellement beau, si tu voyais toutes ces ombres qui se meuvent, c'est magnifique.
Et mon ciel? il est tellement grand, si grand qu'on n'y voit aucune étoile. C'est très beau !! Je n'aurai jamais cru que je m'amuserai tant sans toi!

Au fond, j'avais raison, je n'avais rien à craindre. Depuis que tu es parti les jours s'écoulent tellement bien que je ne vois pas le temps passer. Je m'amuse tant et tant que jamais il ne me vient à l'idée de me demander:

Mais où donc es-tu passé ?

Des profondeurs de la nuit scintillait une étoile au reflets particuliers. Une étoile dont la lumière noire savait révéler les courages les plus secrets des cœurs sourds.
Et sa voix se fit entendre:

<<Que le silence ne t'arrête point, Ô jeune garçon. Toujours, les battements de ton cœur ont en eux la force qu'il te faut pour oser défier tes ombres les plus denses.>>

_Plus mon cœur bât et plus le vide se fait ressentir. À chaque respiration, à chaque battement il se fait plus grand. Ce gouffre qui n'a de cesse d'engloutir tout mon bonheur. Il se fait si glouton qu'il réclame même mon Soleil. Mais il n'y a plus que les ténèbres, alors comment saisir la lumière ?