Mes mots, mon élégie.

Pantin

C'est étrange que de ce rendre compte qu'après une journée comme celle-ci, une journée qui aurait dûe être belle, que je sois en train de m'appesantir sur ma mélancolie. Pourquoi mes yeux ne savent rien voir d'autres que le reflet de ma solitude ? J'ai beau chercher la vérité,  seuls me parviennent les échos de mon âme solitaire. Si ma place n'est pas ici, alors pourquoi n'est-elle pas ailleurs non plus ?

"Je regarde le monde avec ces yeux qui cherchent la vérité.
Cette vérité qui n'est souvent pas celle que je crois observer.
Et de l'autre côté du miroir, qui suis-je, moi l'observateur?"

Être pris entre deux feux, n'être nulle part ailleurs que dans l'entre-deux. Alors quel est donc mon sort?
Tirons au sort pour savoir qui est le plus solitaire. Crois-tu qu'il y a là matière à se venter?
Si toujours tu fais les même choix, le choix de choisir ta tendresse, alors comment veux-tu aboutir à quelque chose de différent ?
Les jours défilent et je te vois t'étioler ainsi. N'as-tu donc aucune volonté ? Acceptes-tu ainsi de te laisser sombrer?

Si même ma volonté ne cesse de défaillir, alors à quoi bon?

Le jour viendra où les mots secrets auront raison de mon tout et que l'immense obscur aura gagné de moi le peu d'éclat qui restait au fond. Je crains ce jour funeste où ma voix n'aura nullement la force de murmurer au vent, de chuchoter au ciel ou de demander au soleil. Plus la force de crier à mon étoile paresseuse ni à ma lune capricieuse.
Je crains ce jour où je me ferai si vide que nulle larme ne saurait plus couler au dedans, et que toute tendresse m'aura quitté. Je crains ce jour sinistre. Lorsque l'incertain aura fait de moi le pantin de son dessein.