Mes mots, mon élégie.

Les imparfaits

Encore et toujours les gens sont si gauches, ils ne savent pas que leurs mots sont si rêches, qu'ils peuvent écorcher bien plus profondément que la plus fine des lames.
Encore et toujours leurs mots nous bousculent, ils ne connaissent que la brutalité et osent se dire justes.

Nous sommes coupables d'être ce que nous sommes. Les malédictions ambulantes sont vouées à ne plus être...
À toujours, leur propre malédiction est leur glorieuse récompense qu'ils se disent.

Nous imparfaits, nous porterons toujours les marques à vif de ces mots qui ont entaché notre lumière. De ces mots qui nous ont condamnés aux ténèbres bien avant le jugement.

Au plus profond, nous garderons les beaux sourires qui se sont tordus en d'affreuses grimaces, nous essuierons seuls ces larmes qui auront coulé une fois de plus dans la pénombre, là où nul ne prend peine de regarder. Là où la tendresse se confond au silence.
Nous imparfaits, nous garderons au fond de nos cœurs les belles paroles qui, un jour, auraient pu fleurir...
Ces belles paroles qui sont toujours suivies de sentences...

Car nul n'est au-dessus du jugement.
Car tous ont péché.
Car nous sommes victimes de notre impuissance,
Car nous sommes victimes de ce que nous n'avons pas fait.
Car nous sommes victimes de nos inactions. Nous les coupables parfaits, dans le long corridor des justes, nous sommes les insensés...
Car si je diffère de toi, alors je suis imparfait.
Car si je ne suis pas sensible à ta voix, alors je suis l'abomination.
Car les imparfaits n'ont nul autre choix que de rester dans leur coin et d'attendre la sentence. Car les imparfaits sont acquittés du droit de vie.
Car les imparfaits trinquent glorieusement avec la grande loquace. Et le temps n'est plus un cadeau... mais l'absinthe même de leur existence.

À vous qui ne voyez la vertu en personne d'autre qu'en vous seuls, puissiez-vous continuer de faire briller vos lanternes de papier.