Joyce et Jackson se connaissent depuis qu'ils sont petits, ils ont tout vécu ensemble, se sont toujours soutenus quoiqu'il arrive et ne se sont jamais lachés. Leur amitié que tout le monde voit comme indesctrucitble est pourtant menacée par le passé...
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Quelques semaines après le départ de David pour l'Australie, je me rappelle avoir demandé à Jackson s'il en voulait à son père.
— Il m'a promis qu'il reviendrait bientôt, donc non, m'avait-il assuré.
Même en disant ces paroles, je savais que lui non plus n'y croyait pas. À cette époque, il voulait juste se rassurer et éloigner l'idée que son père l'ait lâchement abandonné. Je n'avais pas insisté mais lui comme moi avions compris que David ne reviendrait peut-être jamais.
Aujourd'hui, j'aurai préféré qu'il reste en Australie. Ça aurait évité tous les conflits qui ont eu lieu ce soir. Ça aurait évité que Jackson pète un câble. Et au fond, j'ai le sentiment qu'il est plus triste qu'énervé de revoir son géniteur. Alors il camoufle cette tristesse avec de la colère. Car quand on y pense, la frontière entre ces deux états d'esprit que tout opposent, est très mince. Être en colère le rend triste, et être triste le met en colère.
Le mouvement de recul de mon meilleur ami me sort de mes pensées, je décale vivement mon bras.
— Je t'ai fait mal ? le questionné-je, coton et désinfectant à la main.
— Un peu, mais c'est pas grave, continue.
Je repose le coton au niveau de son œil alors qu'il grimace. Instinctivement je grimace à mon tour en imaginant la douleur qu'il doit ressentir. Son père n'y est pas allé de main morte, et rien que pour ça, je meurs d'envie de retourner dans le salon pour lui rendre les coups qu'il a donné à son fils.
De la chambre de Jackson, on entend nos parents qui sont en train de se prendre la tête dans la pièce d'à côté, alors que nous on s'est éclipsé pour nettoyer son visage. Il en avait bien besoin.
— Voilà, dis-je en écartant le coton de son œil, ça risque de te faire mal pendant quelques jours. J'espère que ça ne s'infectera pas.
Il hoche la tête puis s'allonge sur son lit et se met à fixer le plafond. Je l'entends presque réfléchir tant il semble concentré sur ses pensées. Cette soirée lui a retiré le peu de moral qui lui restait. Mais j'ai bien une petite idée pour l'aider à penser à autre chose.
J'attrape ses cadeaux que j'ai amené avec nous dans la chambre.
— Tiens, dis-je en les lui tendant.
Il se redresse pour s'appuyer sur ses coudes, son regard passe de moi aux deux paquets emballés. Quand il comprend mon intention, un sourire éclaire son visage, réchauffant un peu mon cœur. Il se lève et prend à son tour quelque chose dans ses mains.
— Va déjà sur le toit, j'ai oublié d'emballer le tien.
Je ricane mais sors en douce de l'appartement, sous les cris incessants des parents. Je monte sur le toit et pars directement m'adosser à la rambarde. Enfin je peux voir la ville sous la neige, je ne la reconnais presque pas. C'est fou, avec un manteau blanc, New York est complètement différente. C'est limite dépaysant.
