Joyce et Jackson se connaissent depuis qu'ils sont petits, ils ont tout vécu ensemble, se sont toujours soutenus quoiqu'il arrive et ne se sont jamais lachés. Leur amitié que tout le monde voit comme indesctrucitble est pourtant menacée par le passé...
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Il y a bien longtemps que je n'avais pas passé de vendredi calme, sans rien de spécial de prévu et sans imprévu pour me couper dans mon élan de tranquillité.
La semaine s'est bien passée et depuis le lundi où Joyce m'a évité, tout va parfaitement bien. Aucun de nous n'ose définir la nature de notre relation pour l'instant, pourtant il est clair qu'on n'est plus que de simples meilleurs amis. On s'embrasse, on couche ensemble quelques fois, on se montre plus possessif l'un envers l'autre, et bien sûr on profite de n'avoir aucune étiquette sur le front pour jongler entre le statut de meilleurs amis et de couple face à nos parents. Pour l'instant on ne leur a rien dit quant à l'évolution de nos sentiments l'un envers l'autre, pourtant ils ne sont pas aveugles et doivent bien se douter qu'il se passe quelque chose entre nous, ma mère la première. Mais à notre plus grand soulagement, ils n'ont fait aucun commentaire jusqu'à maintenant. Ils respectent notre choix de ne pas exposer notre relation devant eux, ils savent que pour nous c'est nouveau. Passer de meilleurs amis à... autre chose, après douze ans d'amitié, ce n'est pas rien et forcément ça entraîne de nombreux changements. Mais étonnement pour Jo et moi, ceux-ci ne sont pas vraiment visibles, si on oublie la partie où on s'embrasse et plus encore bien entendu. Mais globalement, on a gardé la même complicité et j'en suis heureux.
Cependant, même si je ne souhaite en aucun cas me prendre la tête avec Jo, j'aimerais pouvoir dire qu'elle est ma copine, qu'on sort ensemble, qu'on ne passe pas notre temps à nous cacher par peur de je ne sais quoi. De mon côté je n'attends que ça, qu'on officialise, mais du côté de Joyce, je sais qu'elle a plus de mal avec l'engagement puisque son ancien mec l'a trompé. Elle s'en est remise mais c'est compréhensible qu'elle ait peur de se remettre en couple, pourtant elle sait que jamais je ne ferai un truc pareil. Je ne suis pas comme Elijah et je ne le serai jamais, je m'en fais la promesse. Ça fait des années que je suis amoureux d'elle — même si je n'en n'avais pas conscience au départ— et ce n'est pas maintenant, ni jamais, que mes sentiments vont faiblir envers elle et que j'irai donc voire ailleurs. Elle le sait mais reste quand même méfiante vis-à-vis des relations amoureuses. C'est plus facile pour elle de se dire qu'on ne s'est rien promis tous les deux, qu'on n'est pas en couple donc que je ne peux la tromper, que de se dire qu'on est ensemble mais que je pourrais me lasser d'elle ou autre.
Le problème qui ne va pas tarder à se dresser face à nous, c'est le fait que je vais en vouloir plus. Ça commence déjà mais dans quelques semaines j'en aurais assez de ne mettre aucun nom sur notre relation, je vais vouloir lui demander d'être avec moi, je le sais. J'espère juste qu'elle sera prête quand je le lui proposerai, car un rejet de sa part serait bien pire que tout. Et c'est sans aucun doute ce que je redoute le plus, qu'elle me brise le cœur à cause de la peur.
Les mains dans les poches et l'esprit ailleurs, c'est seulement quand une voiture klaxonne que je sors de mes pensées.
Je presse le pas pour arriver sur le trottoir d'en face, adresse un signe d'excuse au conducteur et continue mon chemin. Aujourd'hui il fait froid à New York, si froid que j'ai été obligé de ressortir mon bonnet. Quand j'arrive devant le Barclay Street Café, j'entre et salue brièvement Marie avant d'aller m'asseoir à ma table habituelle. Mon regard cherche Jo et je la repère finalement en train de servir un couple. Elle a l'air pressée, ce qui ne m'étonne pas vraiment puisque le café est quasiment plein. Elle ne m'a pas vu et retourne derrière le comptoir pour récupérer de nouvelles commandes. À ses côtés je remarque Jérémie. Je fronce instantanément les sourcils mais essaie de ne pas laisser ma jalousie prendre le dessus. J'en ai déjà payé les frais et je n'ai vraiment pas envie que ça arrive une seconde fois, pas alors que tout est si beau entre nous.
