Il arrive un jour où l'on se retrouve devant le pire dilemme que la vie puisse vous faire.
Personnellement, je ne pensais pas devoir y faire face aussi vite. Je croyais que l'on ne rencontrait ce genre de situation que dans les romans, à vrai dire. Mais j'avais appris qu'entre la réalité et la fiction, il n'y avait qu'un pas.
Ce pas je l'avais franchi, sans m'en rendre compte, quelques mois auparavant, sans me douter une seconde que les conséquences en seraient si dramatiques. Pour autant, je n'aurais pas renoncé si j'avais su ce qui allait se passer. Mon oncle dirait certainement que ce n'était pas étonnant quand on savait à quel point j'étais têtue. Mais en réalité, quand on rencontrait une personne pour laquelle on était prêt à mourir, on ne pouvait pas regretter.
Quand je repensais à tout ce qui s'était passé, mon coeur se gonflait de joie et de reconnaissance. Étrangement, et malgré l'état dans lequel je me trouvais, j'étais même plutôt sereine. Même si mon agresseur s'apprêtait à m'ôter la vie. C'était plutôt étrange, en vérité, cette façon de ressentir un certain apaisement alors que l'on frôlait la mort. En ce moment, je ne la frôlais pas, je dansais avec elle. Une danse plutôt reposante finalement.
La douleur avait fini par disparaître, je ne la sentais plus du tout. La peur qui m'avait saisi quelques instants plus tôt s'était évaporée. Probablement parce que je savais que ma fin était proche. Mais aussi, parce que je savais pourquoi je mourais aujourd'hui. Malgré tout, une pointe de tristesse se réveilla en moi.
La seule chose que je regrettais, en réalité, c'était de ne plus jamais le revoir. Si la mort en elle-même semblait comme m'appeler, la souffrance de ne jamais retrouver l'homme que j'aimais me tenait fermement le cœur.
Je revoyais son visage parfait, attardant mon esprit sur ses yeux profonds qui avaient le don de me chambouler le cœur. Je pouvais y lire tellement de choses dedans ! J'avais appris à déceler les sentiments qui s'y cachaient, tout comme il avait appris à lire les miens. Au final, il était juste de dire que nous nous étions apprivoisé, tout comme le renard et le Petit Prince dans le conte de Saint-Exupéry que nous aimions tant.
Je sentis les larmes couler le long de mes joues, se perdant dans mes boucles rousses en pagailles. Finalement, ma seule souffrance, en ce moment, était de ne pas pouvoir l'embrasser une dernière fois et lui rappeler combien je l'aimais.
Mais une part de moi était quand même rassurée de ne pas le savoir ici. Ma mort n'en aurait été que plus difficile. Jamais je n'aurais supporté de voir son visage ravagé par la souffrance et la détresse de me voir mourir. Je préférais garder en mémoire le souvenir de son sourire, celui qui déclenchait immanquablement des papillons dans le creux de mon ventre.
Même si ma vie prenait fin à dix-huit ans, j'avais au moins eu la chance de découvrir ce merveilleux sentiment qu'était l'amour, avec un homme hors du commun. Certes, j'aurais préféré avoir plus de temps avec lui. Mais le peu que j'avais eu était de loin le plus beau de mon existence.
Quand mon agresseur se pencha vers moi, ses dents dévoilées en un rictus terrifiant, j'affichais moi-même un petit sourire.
Je n'avais pas peur.
Peu importait désormais que je meure ou bien les tortures que la silhouette au-dessus de moi s'apprêtait à m'infliger. Il était hors de question que je supplie mon tortionnaire pour lui demander de m'épargner.
Je fermais les yeux, gardant en tête que j'avais été aimé par l'une des plus belles personnes que comptait cette planète et que j'emportais avec moi cet amour unique que je ne croyais possible que dans les romans. Pour moi, c'était ce qui comptait le plus.
Je rouvrais mes yeux humides, le sourire toujours collé sur mon visage boursoufflé.
Je n'avais pas peur.
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Anmore Cove
ParanormalA dix-huit ans, Wendy décide de partir vivre avec son oncle qui lui a trouvé un stage dans la librairie de sa ville, Anmore Cove. Encore marquée par l'abandon de son père quand elle avait six ans, la jeune fille voit dans ce changement l'échappatoir...