Chapitre 3

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Sur la route pour rentrer, je repensais à ma rencontre avec Judy et Eden. Autant la première avait été particulièrement charmante avec moi et avait su me mettre à l'aise, autant le second m'avait laissé une très mauvaise impression.

D'accord, il était très agréable à regarder, mais dès qu'il ouvrait la bouche, il ne laissait ressortir qu'un caractère hautain insupportable. De plus, son regard, bien que magnifique, me mettait mal à l'aise. J'avais eu l'impression qu'il voulait lire au plus profond de moi. Sa façon de me souhaiter la bienvenue m'avait donné froid dans le dos.

    Je frissonnais malgré le chauffage de la voiture avant de secouer la tête. Mes pensées divaguaient un peu trop. Je ne devais pas me formaliser sur cette rencontre. Avec un peu de chance, il ne travaillait pas à la librairie et donc je n'aurais pas besoin de le côtoyer en permanence. Je devais me concentrer sur la réussite de mon stage.

    J'appuyais sur l'accélérateur pour reprendre de la vitesse mais au même moment, je fus dépassée par le bolide de la dernière fois. En temps normal, je n'aurais peut-être rien dit, mais après ce qui s'était passé dans le bureau avec Eden, j'avais encore des requisses de colère à sortir. Je klaxonnais plusieurs fois tout en insultant le chauffard de tous les noms, mais il ne sembla pas s'en soucier et fila aussi vite que la veille. J'espérais que je n'allais pas le croiser tous les jours, lui aussi.

    Je soupirais longuement pour me calmer. Visiblement, ma petite séance shopping après la librairie n'avait pas suffi à me détendre.

    J'étais finalement allée dans la boutique que j'avais repéré en arrivant et avait trouvé des boucles d'oreille en argent vieilli façon créoles et un bracelet en jonc pour ma mère. J'étais sûre qu'elle allait les adorer. J'avais traîné un peu dans les autres commerces, sans but précis, simplement pour me vider la tête et ne plus repenser à la manière horripilante qu'Eden avait eu de s'adresser à moi.

    Pourtant, cette première journée avait plutôt bien commencé. Ma rencontre avec Ben avait été très agréable, son chocolat était un délice que j'étais impatiente de goûter à nouveau, et ma future collègue était également extrêmement adorable à tel point que je sentais que nous allions bien nous entendre.

    Alors pourquoi fallait-il toujours que je m'arrête sur le négatif ? Je m'énervais moi-même !

    Quand j'arrivais à la maison, la voiture de mon oncle était garée à son emplacement habituel. Je me pinçais les lèvres en imaginant brièvement ce qu'il avait pu penser de mon absence. J'avais oublié de lui laisser un mot pour lui dire que j'étais sortie. J'avais l'habitude de le faire quand je vivais avec ma mère, mais là, j'avais complètement oublié. J'espérais qu'il ne s'était pas trop inquiété. Cela dit, il avait peut-être oublié que j'avais emménagé la veille.

    Je souris en me disant que c'était tout à fait son genre. 

    J'entrais dans la maison et mon oncle émergea de la cuisine au moment où je refermais la porte d'entrée. Il n'avait pas l'air inquiet et j'en fus soulagée.

    — Ah, Wendy ! Tu es allée faire un tour en ville ? Me demanda-t-il en tenant à la main un sandwich encore intact.

    — Oui, j'ai voulu visiter un peu les environs, dis-je en retirant mon manteau et mon écharpe qui avaient suffisamment contribué aux bavardages des habitants.

    Il m'adressa un grand sourire.

    — Tu es allée chez Ben ?

    — Oui, il est vraiment très gentil, répondis-je avec enthousiasme.

    — C'est un très bon ami à moi, et son chocolat chaud est le meilleur que j'ai jamais goûté.

    Il m'adressa un clin d'oeil et j'opinais en souriant. Il baissa alors les yeux sur son sandwich avant de me regarder.

Anmore CoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant