I - Mercy

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Il croit qu'il me fait peur, que ses doigts autour de mon cou peuvent m'affaiblir. Je souris et il fronce les sourcils. Il ne me connait pas, il n'a jamais cherché à me connaitre ou à me comprendre. Alors, il ne cache pas sa surprise devant mon sang froid. Je parviens à peine à respirer sous sa prise mais je n'essaye pas de m'échapper, je me tiens droite et le fixe dans les yeux. Il peut m'achever d'une seconde à l'autre mais je ne perdrais pas la face. Je refuse de pleurer, de me débattre ou de le supplier. Il adore ça. J'espère qu'il a savouré toutes mes suppliques auparavant, parce qu'aujourd'hui, il ne m'effraie plus. Aujourd'hui, je le défie de m'ôter la vie. Aujourd'hui, je ne crains plus ses coups.

Je suis forte.

Je suis une survivante.

Et il ne m'enlèvera jamais ma combativité.

Dans ses pupilles brillent une certaine animosité mais qui est dévorée par la curiosité. Il se demande sûrement où est passée la petite fille qu'il abandonnée des années plus tôt.

Elle a grandi, papa.

Et elle ne compte plus être la victime.

Sa poigne se fait plus douloureuse, je retiens une grimace, l'air ne passe plus dans mes poumons et je sens mon corps m'envoyer des signaux de détresse. Pourtant, je le laisse faire, sans jamais perdre son regard. Je veux qu'il s'en souvienne, je veux que ma haine le marque, je veux qu'il culpabilise pour le reste de sa vie une fois qu'il m'aura pris la mienne. J'aurais ris si je pouvais, mais mon visage était sans aucun doute rouge, marqué par le manque d'oxygène. J'entends son grognement féroce quand il presse davantage puis me relâche en poussant des injures.

Je m'étale sur le sol froid à quatre pattes et je reprends mon souffle avec besoin. Une de mes mains se porte à mon cou et je relève la tête vers lui. Il me toise, il me déteste mais il n'a pas pu aller au bout. Je pousse un rire, amer et fou. Il m'envoie un coup dans les côtes et plutôt que lui donner satisfaction, je pouffe avec virulence.

— Je pourrais te tuer, me menace-t-il.

— Tu étais en train, mais tu es faible.

Un éclair de rage s'abat dans ses deux billes foncées et je me mets debout, un soldat ne reste jamais à terre. Il se relève et fait face à ses adversaires. Il ne montre pas sa faiblesse et ne s'avoue jamais perdant. Seule la mort pourra me faire plier. Ça, je l'ai compris grâce à toi, papa. Ironie du sort. Je l'avais compris un peu plus à chaque fois que sa force me bousculait, encore plus quand je l'observais discrètement achever ses ennemis. Définitivement, quand il était parti.

Je devrais le remercier.

Il est horrible. Il est mauvais et têtu. Il est égoïste et calculateur.

J'étais pire.

Tel père, telle fille.

Il m'a modelé à sa manière, m'a éduqué à la dure et avait déteint sur ma personne. Adieu la petite Mercy pleurnicheuse. Adieu la petite Mercy plaintive. Adieu la petite Mercy clémente.

Bienvenue à la Mercy prête à tout pour arriver à ses fins. Bienvenue à la Mercy qui n'a peur de rien et de personne. Bienvenue à la Mercy impitoyable.

— Ne joue pas à ce petit jeu avec moi.

— Sinon quoi ?

— Je peux toujours utiliser mes jouets.

— Ou peut-être que je pourrais les utiliser sur toi, papa.

— Ne m'appelle pas comme ça.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant