V - Mercy

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   Mon corps ressemble à de la guimauve, je peine à tenir le neuf millimètres sauf qu'il ne faut pas qu'ils le sachent. Sinon je suis foutue. J'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir, qui porterait préjudice au briseur d'os si je venais à parler. La logique des choses veut qu'on me tue pour emporter ce que je sais dans ma tombe. Sauf que si je meurs maintenant, je laisse Mar dans les bras de mon père. Si je meurs maintenant, je ne pourrais jamais me venger de celui qui a fait de ma vie un enfer.

Je ne suis pas stable, mon talon est enfoncé dans la peau du type qui était avec lui. Mon autre pied est dénudé, ma chair est douloureuse sous les gravillons. Il me fixe, sans rien dire. Il est dénué d'émotions ou du moins, il les cache bien. Il fume comme si sa vie n'était pas entre mes mains. Elle ne l'est pas vraiment, ma vision est encore légèrement trouble, je le raterais si je tirais. Il fini par lâcher sa clope et l'écraser avec sa basket. Je me sens toute étourdie et ça m'énerve. J'ai horreur de me sentir faible.

— Vous êtes con ou quoi ?

Il me dévisage, impassible. J'ai l'impression d'attendre des heures avant que sa voix remplisse l'air. S'il n'avait pas ouvert la bouche rapidement, j'aurais été dans l'obligation de lui tirer dessus, ce qui m'aurait porté préjudice. Pour le moment, je le tiens en joue. Car si je n'appuie pas sur la détente, il va trouver la faille. Mais si je le fais, ils pourront me désarmer, s'apercevant que je suis faible.

— Non, mais toi, oui.

Je ne le vois pas sortir son arme à feu, ni enlever la sécurité ou encore le diriger vers moi. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle que le coup de feu vrombit et siffle, fend le vent à toute allure.

Vers moi.

Putain.

Elle s'insinue dans ma peau, pile dans le bras où je tiens le Beretta. Ce dernier glisse et s'écrase par terre tandis que je gémis sous la sensation de brûlure. Le type allongé sur les gravillons se relève en vitesse, je m'efforce à récupérer l'arme alors que lui aussi. On se bat un moment, faisant balancer le flingue d'un côté à l'autre, je transpire et ne m'arrête pas sous la douleur. Je me bas pour ma vie.

Je suis une putain de survivante.

Je dois vivre.

Au moins assez longtemps pour tirer une balle entre les deux yeux de mon père.

Un second tire fuse. On s'arrête quelques secondes, j'observe mon corps mais en dehors de mon bras, je n'ai pas d'autre blessure. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, le briseur d'os n'a pas changé de position et ses traits sont restés neutres. Mon regard se pose de nouveau sur l'homme en face de moi et je vois son expression changer. Ses sourcils froncés et sa moue contrarié commence à former une boule de douleur.

— ... Argh ! geint-il. Ça fait mal ça !

Ses deux billes chocolat se posent sur moi et j'ai presque envie de rire. La situation est absurde. Mon bras saigne, sa cuisse aussi et le briseur d'os semble regarder un film.

— Elle vient de me tirer dessus, Bones !

Bones...

— J'ai vu.

— Et tu ne dis rien ?

— Ça t'apprendra.

— Quoi ? T'es sérieux ? s'indigne le grand blond.

Bones hausse les épaules, s'empare de la poignée de porte, l'ouvre et se prépare à entrer.

— Occupes-t-en, c'est ton problème Jace.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant