XXII - Bones

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Tout est allé vite.

   Mercy qui quitte ma voiture, qui me propose de l'accompagner, cette femme qui pleure et qui l'embrasse de toutes ses forces puis les ténèbres.

   Mercy, brisée.

   Mercy, à terre.

   Mercy, ravagée par les larmes.

   Mercy, entièrement engloutie par des tréfonds ténébreux.

   La femme, Mar il me semble, est à genoux, elle sanglote et tente de la calmer, elle caresse son dos, l'étreint, touche ses cheveux. Elle est dépassée et ne sait clairement pas quoi faire pour empêcher Mercy de crier et de se griffer les bras. Est-ce dur pour elle d'avoir noyé son père ? N'est-ce pas ce qu'elle voulait de tout son cœur ? Pourquoi craque-t-elle ? C'est un roc, elle ne peut pas s'effondrer. Elle est plus forte que ça, elle me l'a prouvé plusieurs fois.

   Puis, tout s'arrête.

   Ses yeux se révulsent et ses paupières se ferment, sa tête part en arrière et Mar l'empêche de s'éclater le crâne contre le sol. Je m'approche, sous l'œil attentif de la petite femme au turban aux motifs animal. Je l'ignore quand elle dégage ma main et je récupère Mercy. Son bras baille d'un côté et je monte les escaliers. Je vais bien trouver un endroit où l'allonger. Mar me dépasse et m'ouvre une porte en gardant un air méfiant sur le visage.

   Rien à foutre.

   Je peux très bien la buter pour ne pas qu'elle me dérange.

   Mais je pense que Mercy m'en voudrait légèrement.

   — Vous ne parlez pas ? je demande, agacé d'essayer de déchiffrer ses gestes.

   Elle ouvre la bouche et... je comprends. Je lève un pouce vers le haut, tire le drap, pose Mercy, la recouvre et j'attends. Quoi ? Aucune idée. On le saura quand j'aurais trouvé la réponse. Mar part et revient avec une feuille et un crayon, je soupire. Pas envie de parler avec elle.

   Qui êtes-vous ?

   — Vous lui demanderez.

   Qui êtes-vous ?

   Que voulez-vous à Mercy ?

   Je souffle, ennuyé. Je retire mes chaussures et m'installe sur la place libre, près de Mercy.

   Qu'est-ce que vous lui avez fait ?

   — Rien.

   Menteur.

   Je souris et j'observe Mercy, je décale une mèche de cheveux qui lui tombe en travers du visage. Elle gigote un peu et ses paupières papillonnent dévoilant ses belles billes d'ambre. Elle regarde autour d'elle, déboussolée, pose ses yeux sur moi, les referme aussitôt, pince ses lèvres et se cache sous la couverture. Quelques secondes s'écoulent avant qu'elle n'ouvre la bouche pour parler.

   — Tu n'es pas parti, constate-t-elle.

   — Il faut croire.

   — Qu'est-ce que tu fou encore là ?

   — Je serais déjà reparti si tu n'avais pas agi comme une folle juste avant.

   Elle rit et sort sa tête de la couette. Ses cheveux auburn sont électriques et virevolte dans les airs. Elle a une moue enfantine, comme si elle s'attendait à ce que je la gronde plutôt qu'autre chose. Elle souffle de soulagement et se détend considérablement.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant