III - Mercy

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Enfoiré.

Chien de la casse.

Connard de merde.

J'ai envie de lui enfoncer mon talon aiguille dans son foutu œil mais ça serait légèrement excessif, j'ai tendance à l'être mais j'essaye de me gérer. Notamment car je sais que je suis instable, que je vrille d'un moment à l'autre et que souvent – pour ne pas dire tout le temps – j'agis avant de réfléchir. Cela dit parfois ce n'est pas plus mal. Les autres fois, ça ne se fini pas forcément bien.

Je suis remontée à bloc, je ne sais pas si ça se ressent, en tout cas, la plupart des invités se sont retournés vers nous quand j'ai cogné la porte avec force avant de rentrer. Depuis Warren me lance des regards menaçants de son poste près du dit Charles Andrew. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir un visage aussi écarlate, c'est impressionnant à dire vrai. On dirait qu'il va exploser. Bref. Il pense qu'il m'a foutu les jetons en évoquant la salle de jeu ? Comment lui dire qu'elle est condamnée ? Il ne tardera pas à le découvrir et à la remettre en état. Pour le moment, il n'y avait plus accès. Il m'en aurait parlé quelques années auparavant, je me serais pissée dessus, j'aurais supplié pour ne pas y aller, pour ne pas y être enfermée.

Aujourd'hui, j'ai les commandes en main.

Il ne peut pas revenir après sept ans d'absences et se croire tout permettre. Il a quitté la maison, il n'a pas le droit de se proclamer supérieur à moi ou me menacer sans pour autant que je riposte. Il n'est rien. Et sans ma présence ce soir, il passerait pour un menteur de première. Ce qu'il était mais personne n'a besoin de le savoir.

Il pensait m'obliger à participer à cette petite soirée bien sagement, comme la Mercy de huit ans qui attendait près de lui sans dire un mot. Il pensait que je prétendrais être sa Mercy d'amour, son unique fille qu'il n'a pas pu voir pendant des années et qu'il a retrouvé depuis peu. Imaginez un peu sa tête quand je l'ai envoyé chier.

On ne me menace pas. On ne me donne pas d'ordre.

On en est venu à un compromis. Je fais ce qu'il m'a demandé s'il me donne une partie de ses bénéfices. Je n'ai pas de problèmes d'argent, au contraire. Je sais juste que ça l'emmerde de céder et que j'aime l'emmerder.

— Vous êtes Mademoiselle O'Neill ?

Je prends une profonde inspiration et pivote vers la dame qui me fait face. Elle a le visage ridé et éclairé par du blush. Son rouge à lèvres se remarque à des kilomètres. J'aime son audace. La vieille femme fait signe à quelqu'un et deux autres personnes de sa tranche d'âge déboule à ses côtés.

Un guet-apens ?

Je leur souris, elles se ressemblent. À quelques détails près. La première est vachement coquette et ne porte que des couleurs vives, la deuxième a une masse de cheveux gris rassemblés sur le sommet de son crâne et porte du fard à paupières bleu. Tandis que la troisième donne l'impression d'être prête à s'endormir, le coup de crayon blanc qu'elle a dans l'œil y joue énormément avec ses yeux tombants.

— Appelez-moi Mercy, dis-je simplement sous le regard assassin de mon géniteur.

— Mercy ! J'adore votre prénom jeune demoiselle ! Je me présente, Dalia Jamison, Voici mes sœurs, Jacinthe et Marguerite.

Dalia, c'est celle qui m'a abordé.

Elle a nommé Jacinthe celle les paupières sont colorées.

Marguerite est à deux doigts de dormir sur l'épaule d'une d'entre elles.

Elles sont sœurs, ce qui explique leur ressemblance. J'acquiesce doucement en continuant de sourire, elles semblent heureuses de discuter avec moi. Je le vois à la manière dont elles me fixent et me sourient.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant